Vingt ans ont passés depuis le déversement pétrolier du navire Exxon Valdez dans le détroit du Prince William en Alaska et l’écosystème en subit encore aujourd’hui les conséquences. L’une des plus frappantes est le déclin d’une population migratrice d’épaulards nommée AT1 qui, selon les biologistes, est vouée à disparaître.
Un déversement désastreux
Le 24 mars 1989, le pétrolier Exxon Valdez percute un récif, ouvrant une brèche sur toute la longueur de sa coque. Environ 40 000 tonnes de pétrole brut sont larguées, provoquant des nappes sur une surface de 7 000 km carrés et polluant les côtes sur une distance de 2 000 km. Les conséquences sont désastreuses : 250 000 oiseaux, 3000 loutres de mer, 300 phoques communs, 250 pygargues à tête blanche et 22 épaulards sont comptés parmi les victimes. L’intervention de nettoyage a nécessité des dizaines de milliers de bénévoles, des centaines de navires et des dizaines d’hélicoptères.
Une population déjà fragile
Au cours de l’année suivant le déversement, plus d’un tiers des individus de la population laquelle étaient présumés morts. D’une population initiale de 22 individus, on en dénombre actuellement 7. Cependant, le déversement n’est pas le seul responsable. Le déclin des phoques communs, leur proie principale, et les niveaux croissants de pollution dans l’eau, causant des maladies et des difficultés de reproduction, avaient déjà grandement affaibli cette population.
Un rétablissement controversé
Selon la compagnie Exxon, le déversement n’aurait pas de conséquences à long terme sur le milieu. Déjà, la plupart des espèces touchées seraient en voie de rétablissement. Ces déclarations ne font pas l’unanimité. Selon le conseil d’administration en charge des études d’impacts et du suivi des travaux de restauration, encore aujourd’hui on retrouve dans l’estran (zone entre les hautes et basses mers) l’équivalent de 80 000 litres de résidus pétroliers, qui sont tout autant toxiques qu’en 1989.
L’exploitation d’hydrocarbures dans l’estuaire du Saint-Laurent, une voie d’avenir?
Les conséquences du désastre de l’Exxon Valdez sur cette population d’épaulards rappellent les menaces que comportent l’exploitation des hydrocarbures en milieu marin. Pour le Saint-Laurent, le gouvernement du Québec et les principaux partis d’opposition souhaitent profiter du potentiel en hydrocarbures des fonds marins. Le projet soulève une vague de questions. Est-ce qu’on ne devrait pas être plus prudents, surtout en milieu marin ? Ne peut-on se tourner vers une meilleure efficacité énergétique et vers le développement du potentiel des énergies alternatives pour combler nos besoins en énergie ? Ces questions sont de véritables enjeux de société auxquels le Québec devra réfléchir. [Anchorage Daily News]