Bien que les dauphins soient protégés et qu’il soit interdit de nager avec eux, les caresser et les nourrir, ces pratiques semblent de plus en plus populaires dans cette région touristique. Pour les animaux, cela entraîne des blessures, mortalités et changements de comportement. Les risques existent aussi pour les humains. Changer les mentalités requiert beaucoup d’efforts à long terme.

Le constat émane d’une récente étude commandée par le National Marine Fisheries Service. On y apprend aussi que les personnes qui contreviennent à la loi en nourrissant les dauphins, en les caressant ou en nageant avec eux sont souvent les mêmes qui expriment la plus grande préoccupation à l’égard de leur protection. A Panama City, en Floride, la moitié des résidents et des touristes interrogés lors d’une d’un sondage ne savent pas qu’il est interdit de nourrir les dauphins, ou même s’ils le savent, le font tout de même, n’étant pas convaincus que les approcher, les nourrir soit si nuisible pour eux.

La liste noire des risques et des blessures

Le long des côtes, de la Caroline du Nord au Texas, la liste documentée des situations de harcèlement que subissent les dauphins est longue, ainsi que celle des blessures et des mortalités dont ils sont victimes. Citons, entre autres, des dauphins nourris avec des gâteaux, des sucreries ou des poissons morts ayant passé de longues heures dans un seau d’eau chauffée par le soleil, de la bière déversée dans leurs évents, des hameçons retrouvés dans leur estomac ou accrochés à leur chair et des lignes de pêche qui les enserrent, un dauphin mort avec un tournevis planté dans son corps, des nageoires coupées par les hélices.

Nourrir et harceler des dauphins dans leur milieu naturel est interdit depuis 1992 par une extension du Marine Mammals Protection Act. Outre le fait qu’ils ingèrent une nourriture inappropriée pour eux, ces interactions avec les humains les amènent à moins se méfier d’eux et de leurs bateaux. Le fait de nourrir ces animaux sauvages altère leurs comportements naturels de chasse. Les jeunes, qui apprennent habituellement comment capturer leurs proies avec les adultes, ont comme modèle de comportement le quémandage de nourriture auprès des humains. Ces dernières années, le gouvernement fédéral a poursuivi plusieurs pêcheurs commerciaux qui ne voyaient pas d’un bon œil des dauphins rôder autour de leurs bateaux et qui les avaient attaqués avec des armes à feu.

Les risques existent aussi pour les humains qui s’approchent trop près de ces grands dauphins, veulent les observer, nager avec eux ou même les caresser, ceci surtout de manière répétitive. Ces animaux puissants, pouvant peser jusqu’à 270 kg peuvent présenter un danger pour les nageurs et les plongeurs. Dérangés, harcelés, ils peuvent développer des comportements agressifs envers les humains et sont connus pour mordre quand ils sont trop sollicités. « Mais ce n’est pas un problème de comportement chez le dauphin, c’est en un chez l’humain », explique Stacey Horstman, coordinatrice pour la conservation du dauphin au National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA).

Changer les comportements des humains

Selon la réglementation fédérale sur les mammifères marins, toute personne ou embarcation doit rester à une distance respectueuse de 45 mètres des dauphins et d’une centaine de mètres des baleines. L’observation doit être limitée à trente minutes et les animaux ne doivent pas être encerclés par des bateaux ou pris entre un bateau et la côte.

Le harcèlement des dauphins est passible d’amendes et de peines civiles et pénales, étant donné que ce mammifère marin est protégé par le gouvernement fédéral. Mais, comme le souligne Stacey Horstman, éduquer et sensibiliser le public est une meilleure réponse que la punition. En 2009, la campagne « Ne nourrissez pas les dauphins sauvages » mise en œuvre par la NOAA semble avoir eu moins d’impact que les images et séquences véhiculées par les publicités touristiques, sur You tube ou dans les séries télévisées. Changer les comportements et les croyances semble un objectif difficile à atteindre, nécessitant des efforts sur le long terme, d’autant plus que les gens d’affaires et les décideurs impliqués dans le développement touristique veulent bien soutenir ces campagnes de sensibilisation, à condition que cela ne leur coûte rien.[Tampa Bay Times, The New York Times, NOAA, The Miami Herald]

En savior plus

Sur le site de Tampa Bay Times (en anglais seulement) : Scars of human folly show on Florida’s bottlenose dolphins

Actualité - 13/9/2012

Christine Gilliet

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