Malgré les moratoires et les restrictions sévères de pêche, la population de morue de l’Atlantique est toujours en déclin et possiblement condamnée à disparaître si les conditions dans le golfe ne changent pas. Cette déclaration des plus inquiétantes provient d’une étude récente de Pêches et Océans Canada basée sur dix ans d’observations. L’étude démontre que cette population de morue vient d’atteindre un creux historique. En effet, dans les années 1950, ce stock comptait 400 000 tonnes de morues et aujourd’hui, ce chiffre n’est que de 36 000 tonnes. Assistons-nous à un déclin inexorable que même une interdiction définitive de la pêche ne saurait arrêter?

LES CAUSES

Qu’est-ce qui empêche le rétablissement de la population? Les chercheurs comme Jean-Claude Brethes de l’Institut des sciences de la mer de Rimouski (ISMER) pointent du doigt les populations de phoque et n’hésitent plus à l’affirmer: « le phoque freine le renouvellement des populations de morue ». De plus, selon les propos du chercheur, même si la pêche est interdite, l’espérance de vie de cette population ne serait pas plus de 40 ans, car le taux de mortalité naturelle est beaucoup plus élevé que dans le passé.

Mais la question est complexe et la réponse, loin d’être simpliste, résulte de la synergie entre les différentes causes que sont la prédation naturelle mais aussi les changements environnementaux et la pêche. Le refroidissement de l’eau du golfe des dernières années a eu de graves conséquences sur la productivité chez la morue en réduisant les chances de survie des œufs et en augmentant la mortalité chez les jeunes. Pour ce qui est de la pêche, encore un pourcentage important des morues pouvant se reproduire est capturé.

VERS UN AUTRE MORATOIRE

Pêches et Océans laisse planer la possibilité d’un nouveau moratoire en 2009 pour la région du sud du golfe du Saint-Laurent, si aucun signe perceptible de rétablissement n’est constaté. Les associations de pêcheurs du Québec et des Maritimes s’opposent à ce moratoire et refusent de croire les prévisions pessimistes des scientifiques. La ministre de Pêches et Océans Canada, Gail Shea, devra trancher la question dès le mois de mai prochain.

Les effets socio-économiques du moratoire de 1992 se font encore ressentir. Le 2 juillet 1992, le moratoire de pêche de la morue du nord rentrait en vigueur. L’effondrement des stocks d’environ 80 % entraînait dans son sillage la perte d’emplois de milliers de pêcheurs et de travailleurs d’usine dans les régions de l’Atlantique. Une perte économique et sociale pour ces communautés, dont certaines comme à Terre-Neuve, pratiquaient la pêche à la morue depuis 500 ans.

Longtemps, la morue a été le poisson de fond le plus important de la région atlantique du Canada. Aujourd’hui, cette population a le statut d’espèce menacée par le COSEPAC et elle est à l’étude en vue d’être ajoutée à la liste des espèces protégées par la Loi des espèces en péril (LEP).

ET DANS L’ASSIETTE!

Malgré son statut des plus précaires, la demande commerciale envers la morue de l’Atlantique est toujours effective. L’un des problèmes majeurs de cet enjeu est le manque d’informations flagrant entre les distributeurs que sont les épiceries et les consommateurs que nous sommes. Si l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) recommande l’étiquetage des produits indiquant leur traçabilité, leur légalité et leur durabilité ainsi que les procédures d’acquisition, cette mesure est encore un processus volontaire auquel trop peu d’épiceries adhèrent. Pour une gestion plus durable, Greenpeace, par son programme Océan, réclame qu’elles développent une politique d’achat responsable envers les produits de la mer et procèdent même à l’arrêt des ventes de certaines espèces en péril. [Radio-Canada]

Actualité - 20/7/2009

Équipe du GREMM

Dirigée par Robert Michaud, directeur scientifique, l’équipe de recherche du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) étudie en mer les bélugas du Saint-Laurent et les grands rorquals (rorqual à bosse, rorqual bleu et rorqual commun). Le Bleuvet et le BpJAM quittent chaque matin le port de Tadoussac pour récolter de précieuses informations sur la vie des baleines de l’estuaire du Saint-Laurent.

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