L’incident s’est produit à l’Anse-à-Beaufils en Gaspésie. Un pêcheur qui cumule une dizaine d’années d’expérience constate le 13 juin dernier à 5 h que son engin de pêche n’est plus où il avait été déployé. Ce sont six casiers à homard reliés par une corde horizontale, qui sont disparus. Il avise ses coéquipiers et pêcheurs du secteur dans l’espoir qu’on les lui signale si ils sont retrouvés. C’est précisément ce qui se passe le matin du 16 juin; ses casiers sont retrouvés à deux milles marins d’où ils avaient été mis. Un petit rorqual git là, à la dérive, un cordage pris dans la gueule.
Le numéro d’Urgences Mammifères Marins, le 1-877-7baleine, est bien connu de certains pêcheurs à qui l’on demande la collaboration afin que les cas d’empêtrement dans les engins de pêche puissent être bien documentés, comme il s’agit d’une menace réelle qui pèse sur les mammifères marins du Saint-Laurent. La situation est donc vite rapportée. «C’est une triste journée, je n’ai jamais vu ça en 10 ans… », raconte le pêcheur qui a pu récupérer cinq des six casiers et pratiquement l’ensemble des cordages, un soulagement malgré la situation. La baleine dérive vers la berge de L’Anse-à-Beaufils où elle s’échoue en fin de matinée, confirmation faite par le pêcheur maintenant sur le rivage. Rapidement, les chercheurs de l’Institut Maurice-Lamontagne (IML) du ministère de Pêches et Océans Canada (MPO) sont avisés. Véronique Lesage, chercheuse scientifique à l’IML, vise l’échantillonnage des fanons et des tissus sur les rorquals échoués. Ces échantillons servent à un des projets sur l’étude des mouvements et de l’écologie alimentaire des grands rorquals déterminés à partir de traceurs chimiques successivement déposés dans les fanons et à un autre projet, piloté par Environnement Canada, qui examine le lien entre les contaminants, certains traceurs de la diète et l’état de santé des petits rorquals entre autres.
La collaboration de bénévoles impliqués au sein d’Urgences Mammifères Marins est sollicitée par l’équipe du docteur Lesage, la carcasse étant à une très grande distance de l’institut de recherche. Un des bénévoles assure que la carcasse n’est pas repartie avec la marée et qu’elle sera accessible en fin de journée pour l’échantillonnage. En soirée, deux bénévoles se déplacent sur le site de l’échouage et confirment qu’il s’agit d’un petit rorqual femelle mesurant près 8 mètres. Dévouée, l’équipe de bénévoles récupère un bloc de fanons et un carré de peau, de gras et de muscle qui sont envoyés dans les heures suivantes à l’IML à des fins d’analyse. Ainsi, cette baleine contribuera à la science et à l’acquisition de connaissances sur les causes de mortalités des baleines du Saint-Laurent.
Crédit des photos en ordre d’apparition: Thomas Richard, D. Collin, Steeve Morin, Steeve Morin.