Devant les rochers du camping du Paradis marin, aux Bergeronnes, sept bélugas nagent. Vêtus de leur épais manteau graisseux, les bélugas sont bien isolés des eaux aux températures avoisinant le point de congélation. Cette couche de gras qui enrobe les bélugas peut faire de 10 à 15 cm d’épaisseur, allant parfois à plus de 20 cm. C’est environ 40 à 50% de la masse de l’animal! Ainsi, les bélugas ne devraient pas avoir froid tant en Arctique que dans le Saint-Laurent.
Chez les marsouins communs observés dans la baie de Gaspé par une riveraine de Cap-aux-Os, la couche graisseuse peut mesurer de 2 à 3 cm. Le marsouin commun n’est pas une espèce arctique, mais il est tout de même adapté aux eaux subarctiques et tempérées.
Un rorqual commun vient près du rivage de Port-Cartier le 19 décembre. «Ça, c’est inusité, un rorqual commun si proche, à ce temps-ci de l’année», constate Jacques Gélineau, témoin de la présence de la baleine à partir de sa maison. Plus au large, il repère d’autres grands souffles en colonne. Le rorqual commun peut avoir un manteau graisseux de 20 à 30 cm. De quoi le garder lui aussi bien isolé. La graisse ne fait pas que maintenir la température corporelle des mammifères marins. Elle peut servir de réserve pour les moments où la nourriture vient à manquer, mais en dernier recours.
À la naissance, la couche graisseuse est souvent mince. Ce serait une des raisons qui pousse les rorquals à bosses et les baleines noires de l’Atlantique Nord à gagner des eaux plus chaudes pour mettre bas. Au fil de l’allaitement, le baleineau gagnera en gras et pourra survivre dans les eaux froides, mais nourricières du Saint-Laurent.
Sur le chemin de La Martinique, aux Îles-de-la-Madeleine, un ornithologue s’arrête. Devant l’ile d’Entrée, deux baleines nagent. Selon lui, les deux cétacés nagent plus vite que les petits rorquals qu’il a l’habitude d’observer. Même si les animaux sont loin, il tente une photo. Malheureusement, sans référence de taille, il est impossible de confirmer de quelle espèce il s’agit. Dans tous les cas, c’est toujours un plaisir de réaliser combien la vie est présente sous la surface du Saint-Laurent.
Le phoque «banane»
Les phoques aussi profitent d’une épaisse couche adipeuse pour se garder au chaud. Amphibies, les phoques s’installent sur des berges pour profiter du soleil et gagner quelques degrés de chaleur, lorsque l’air n’est pas trop froid.
Le soleil matinal réchauffe le corps rond d’un phoque commun. Installé sur une roche qui effleure la surface, il se trouve à environ 100 mètres de la rive. Ses pattes arrière relevées à la même hauteur que sa tête, il adopte une position qu’on surnomme «banane», une posture fréquemment observée chez le phoque commun. La scène a été décrite cette semaine à Gaspé, à Penouille, mais aussi à Verdun! La marcheuse qui le remarque compose sans tarder le 1-877-7baleine. Durant deux heures, elle observe l’animal qui ne semble pas dérangé par les quelques embarcations de plaisance qui naviguent au loin. Même si le phoque n’est pas nécessairement en difficulté en étant à l’extérieur de l’habitat où on le retrouve habituellement, le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins consigne tous les cas de phoques ou de cétacés hors de leur secteur. Avec les informations récoltées, les chercheurs et chercheuses peuvent voir avec les années si certaines régions deviennent plus fréquentés, si ce sont surtout des animaux juvéniles qui explorent d’autres territoires ou encore toute autre anomalie.
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