Par Christine Gilliet
L’étude des cétacés ne commence pas avec un harpon, déclare le gouvernement australien qui s’oppose ainsi à la chasse dite scientifique du Japon. Ses scientifiques ont testé avec succès un système de sondes acoustiques pour détecter les rorquals bleus pour mieux les localiser et les suivre. Neuf pays se sont associés à ce programme qui sera lancé en janvier 2013.
Une équipe australienne de scientifiques gouvernementaux, de l’Australian Antarctic Division, a mis en place et testé un système de suivi acoustique passif en temps réel pour capter les vocalises des rorquals bleus qui émettent à basse fréquence. Avec le recours à une technologie militaire, ce système est constitué de nouvelles sondes acoustiques, ou bouées dérivantes d’enregistrement. Les vocalises des rorquals bleus peuvent être entendues à des centaines de kilomètres de distance, ce qui augmente considérablement les chances de les localiser et d’en effectuer le suivi sur une très grande région.
Étudier les baleines sans les tuer
Les travaux des scientifiques australiens font partie du programme d’étude international sur les baleines bleues dans l’océan Austral qui sera lancé en janvier 2013, dans le cadre du Southern Ocean non-lethal whale Research Partnership (SORP). Ce partenariat rassemble avec les Australiens des scientifiques argentins, brésiliens, chiliens, français, allemands, néo-zélandais, norvégiens, sud-africains et américains. Ce suivi acoustique permettra d’obtenir une estimation du nombre de baleines, leur distribution et leurs comportements.
Sous l’égide de la Commission baleinière internationale (CBI), le SORP vise à assurer la conservation des rorquals bleus de l’océan Austral, décimés par une chasse intensive pratiquée au début du vingtième siècle. Il ne resterait aujourd’hui qu’environ 10 000 individus sur 250 000 avant la chasse. Avec leurs partenaires, les scientifiques et le gouvernement australiens déclarent s’impliquer dans ce projet pour contrer le Japon qui pratique une chasse dite scientifique.
Un succès
Le chef de l’équipe, Mike Double, rapporte que pendant la période de test en début d’année, de janvier à mars, les scientifiques ont récolté plus de 500 heures d’enregistrements contenant quelque 20 000 vocalisations de rorquals bleus. Pendant une expédition d’une vingtaine de jours, ils ont détecté 32 rorquals bleus par ce suivi acoustique ce qui leur a permis d’en localiser 29, un succès de 90 %. Une fois localisées, les baleines ont été photo-identifiées et ont fait l’objet d’une biopsie.
Un prototype de système d’enregistrement fixe, ancré, a été également essayé pendant trois jours. Dans l’attente d’en connaître l’efficacité, ce système fixe pourrait être utilisé pendant 15 mois.
Le SORP prévoit d’englober aussi la baleine à bosse, le rorqual commun, le petit rorqual antarctique, le rorqual boréal, la baleine franche australe, le cachalot et les épaulards.[Canoe, Huffington Post, UPI, The Mercury]
En savior plus
Sur le site de Australian Antarctic Division (en anglais seulement): Eavesdropping on the elusive blue whale