Peut-être parce qu’ils préfèrent les habitats côtiers, les petits rorquals font partie des espèces de cétacés les plus observés dans le Saint-Laurent. Pratiquement tous les jours, un petit rorqual s’alimente devant le Centre d’interprétation des mammifères marins à Tadoussac. Les visiteurs quittent alors l’exposition pour profiter de cette présence dynamique à quelques mètres devant eux, avant de rentrer compléter leur visite.
«C’est un cadeau du ciel», se réjouit un observateur installé au quai de Baie-des-Sables. Deux petits rorquals nagent un derrière l’autre et effectuent des respirations synchronisées. Ils viennent très près du quai, malgré la marée basse, passent et repassent. «C’était la première fois que je voyais une sortie coordonnée semblable», raconte-t-il.
Aux Escoumins, un petit rorqual s’approche des rochers. «J’ai été surpris par la tache blanche sur ses nageoires pectorales», indique un photographe. «J’ai finalement réalisé que c’était un trait caractéristique de cette espèce». En effet, les petits rorquals ont tous une tache blanche sur chaque de leurs nageoires pectorales.
À Grandes-Bergeronnes, une riveraine et son amie s’étonnent de la houle qui enfle le 22 septembre dernier. Le vent arrache les premières feuilles jaunes et rouges des arbres environnants. Soudain, un petit rorqual bondit. «Il était si près que j’ai pu voir ses sillons ventraux, la texture de sa peau!» s’exclame-t-elle. Le petit rorqual n’a fait qu’un seul saut. Les vagues ont probablement camouflé ses séquences respiratoires. Les petits rorquals observés sont probablement des femelles. Jusqu’à maintenant, toutes les biopsies prélevées sur des petits rorquals ont révélé qu’ils étaient des femelles. La majorité des carcasses aussi étaient celles de femelles, à l’exception de quelques mâles juvéniles. Où sont les mâles? Ils passeraient l’été dans les eaux océaniques de l’Atlantique. Plus tard cette même journée, elles entrapercevront un rorqual à bosse, dont le souffle se fait dissiper en moins d’une seconde.
Parlant de rorqual à bosse, le 20 septembre, une baleine entre dans la petite baie du camping Paradis Marin à Grandes-Bergeronnes, juste devant la rampe de mise à l’eau. «On la voyait bien en transparence», raconte une campeuse. Petits rorquals, bélugas et rorquals communs sont aussi observés près des rochers, tout comme une mouvée de phoques gris.
Les rorquals à bosse sont encore les vedettes dans le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent, confirment les capitaines de croisières d’observation. Présents en grands nombres, ils éclipsent les rorquals communs. Ces derniers sont-ils moins nombreux ou simplement plus discrets?
Du côté de Sept-Îles, le rorqual à bosse femelle Hockey nage en compagnie de son baleineau. Née en 2003, Hockey est la fille de Fleuret, elle-même la fille de Pseudo. C’est une première dans le Saint-Laurent de connaitre une aussi longue filiation. Des rorquals communs, des marsouins communs et des phoques gris fréquentent aussi le secteur.
Avec les vents d’automne, les sorties à l’extérieur de la protection naturelle de la baie de Gaspé sont plus difficiles. «Les baleines sont encore là, on voit leurs souffles, mais elles sont plus difficilement accessibles», explique un croisiériste. Alors quand les baleines entrent dans la baie, comme c’est le cas les 23 et 24 septembre, c’est le bonheur assuré. Selon les journées, rorquals à bosse, rorquals communs, petits rorquals, marsouins communs par dizaines, dauphins à flancs blancs à la vingtaine et même des thons bondissants hors de l’eau sont observés.