Baleine noire de l'Atlantique Nord

La baleine noire de l’Atlantique Nord a été inscrite à la liste de la Loi sur les espèces en péril en 2005 et est en voie de disparition. Une équipe d’experts, chapeautée par Pêches et Océans Canada, a élaboré le présent programme de rétablissement, à la lumière des connaissances actuelles et fondé sur le plan de rétablissement de la baleine noire (WWF/MPO, 2000). Le rétablissement de la baleine noire de l’Atlantique Nord nécessitera une collaboration et une coopération internationales.

Facteurs limitatifs

Les baleines noires sont typiques des espèces qui vivent longtemps, atteignent la maturité tard et produisent des petits moins nombreux mais plus gros. La longue durée de génération et le faible taux de reproduction annuel exposent l’espèce à un accroissement de la mortalité. De plus, la faible diversité génétique observée chez cette population nuit à son succès reproducteur.

Menaces

La chasse commerciale à la baleine noire, qui débuta en Amérique du Nord avec l’arrivée des Basques au XVIe siècle et se termina dans les années 1930, est responsable de la décimation, au seuil de l’extinction, de cette espèce. Bien qu’il n’y ait aujourd’hui plus de pression de chasse sur cette espèce, d’autres menaces pèsent contre elle :

Objectifs de rétablissement

En raison de l’absence de données exactes sur l’abondance passée, il n’est pas possible de fixer une cible à long terme. Toutefois, à la lumière des connaissances actuelles sur la situation et les tendances de la population, il est possible d’établir des cibles provisoires. Le but de rétablissement provisoire est donc celui d’atteindre « une tendance à la hausse de l’abondance sur trois générations », soit une période minimale d’environ 60 ans.

Voici les sept objectifs de rétablissement pour y arriver :

  1. Réduire la mortalité et les blessures causées par les collisions avec les navires
  2. Réduire la fréquence et la gravité des prises accidentelles dans les engins de pêche
  3. Réduire le dérangement lié aux activités humaines
  4. Assurer un suivi de la population
  5. Favoriser la recherche pour mieux comprendre l’espèce et les menaces qui pèsent sur elle
  6. Appuyer et promouvoir la collaboration entre différentes intervenants
  7. Élaborer et mettre en oeuvre des activités de sensibilisation et d’intendance

Menaces

Collision avec des navires

La mortalité causée par les collisions avec des navires est considérée comme la menace la plus importante pour la survie des baleines noires de l’Atlantique Nord. Entre 1991 et 2007, les collisions ont causé la moitié des mortalités chez cette espèce. Pourquoi les collisions menacent-elles particulièrement les baleines noires? D’abord il s’agit d’une espèce qui se déplace très lentement, donc la rapidité avec laquelle elle peut dévier sa course est limitée. Puis elle fréquente des endroits où le trafic maritime est important (côte Est américaine et canadienne). Des mesures ont toutefois été adoptées en eaux canadiennes et américaines, par exemple la relocalisation des voies de circulation maritimes de la baie de Fundy réduisant les risques de collision de 90% dans ce lieu.

On ne sait pas encore comment les baleines noires font pour détecter les navires et les autres obstacles. Tout porte à croire que leur fourchette d’audition englobe les fréquences produites par les navires à moins que les sons à haute fréquence, comme ceux causés par les puissantes hélices, ne fassent pas partie du domaine des fréquences audibles de ces baleines. Et sachant que les sons émis par la plupart des navires se propagent vers la poupe et les flancs, la partie devant l’étrave étant sans doute l’emplacement le plus calme, peut-être est-ce pourquoi les baleines noires ne réussissent pas toujours à éviter les navires en approche. Il est également soutenu que la baleine noire, de par sa longue vie, n’a pas eu la possibilité d’adopter un nouveau comportement à la présence de navires, étant donné que le trafic maritime est un élément assez nouveau de son habitat et que la vitesse des navires a augmenté dans les dernières décennies. Enfin, d’autres facteurs qui interfèrent, masquent ou modifient les sons qui voyagent dans les océans pourraient aussi avoir leur rôle à jouer : la réfraction des sons en surface, l’écho renvoyé par les fonds rocheux et d’autres sons émis dans l’eau.

Empêtrement dans les engins de pêche

Entre le début juin et la fin novembre, les baleines noires de l’Atlantique Nord fréquentent plusieurs secteurs où des engins de pêche fixes sont installés. Plus de 75 % des baleines noires de l’Atlantique Nord portent des blessures ou des cicatrices causées par des engins de pêche, particulièrement les jeunes. Les orins, les panneaux de filets maillants, les lignes de fond flottantes et les filets fantômes sont les plus souvent en cause. Mais les baleines noires se prennent également dans les palangres, les trappes à morue et les pêcheries à hareng. Elles se prennent habituellement par la bouche, les nageoires ou la queue. Certains de ces empêtrements peuvent entraîner la mort de l’animal. Plusieurs baleines peuvent toutefois survivre avec des lignes enroulées autour du corps, traînant parfois des filets, des lignes, des bouées ou des casiers pendant des mois ou des années. L’affaiblissement provoqué par les blessures infectées ainsi que la perte d’efficacité pour la nage, la plongée, la quête de nourriture et les autres comportements sont difficiles à mesurer. Les efforts consacrés à la libération des baleines au Canada et aux États-Unis ont permis de dégager quelques individus emprisonnés, mais cela s’avère difficile et ces efforts sont souvent infructueux et ne garantissent pas que l’animal survivra.

Contamination

La baleine noire de l’Atlantique Nord se nourrit presque uniquement de copépodes, un animal planctonique de la taille d’un grain de riz. Puisque ces animaux se situent à la base du réseau alimentaire, la baleine noire a donc moins tendance à accumuler de grandes concentrations de contaminants comparativement aux baleines qui se nourrissent de poissons, des animaux plus élevés dans le réseau alimentaire. En contrepartie, les zones fréquentées par cette espèce (golfe du Saint-Laurent et côte Est canadienne et américaine) sont des zones fortement exposées à la pollution. Les concentrations en hydrocarbures organochlorés dans la baie de Fundy sont relativement élevées et les teneurs en métaux lourds (plomb, mercure, cadmium) sont importantes. Des composés organochlorés, en particulier du toxaphène, du DDT et des BPC, ont été trouvés dans le gras des baleines noires de l’Atlantique Nord, sans toutefois être des concentrations considérées préoccupantes. Les effets de la contamination chimique, de l’enrichissement des eaux par des éléments nutritifs, de la sédimentation et d’autres formes de dégradation de l’habitat sont difficiles à documenter et à évaluer. Néanmoins, de récents examens sur les niveaux de contaminants de la baie de Fundy indiquent clairement qu’il y a lieu de s’inquiéter.

Bruit

Les baleines noires dépendent des sons pour communiquer entre elles et les bruits d’origine humaine pourraient nuire à leur communication. Une exposition chronique au bruit peut aussi provoquer des problèmes auditifs temporaires ou permanents. Dans les parcelles d’habitat les plus fréquentées par la baleine noire au Canada, les sources de bruit les plus préoccupantes à ce jour sont imputables aux navires de transport commercial et aux bateaux d’observation, aux activités de prospection pétrolière et gazière, aux essais militaires, à l’utilisation de dispositifs de harcèlement acoustique installés sur les engins de pêche pour éloigner d’autres mammifères marins, à la construction en mer, et aux sonars utilisés à des fins commerciales, scientifiques et militaires.

Perturbations liées à la présence d’embarcations

La présence d’embarcations dans l’habitat de la baleine noire, peu importe leur taille et leur fonction, soulève de nombreuses préoccupations. En plus de la pollution par le bruit et du risque de collisions, ces bateaux peuvent modifier le comportement des baleines noires, comme perturber les interactions sociales, l’allaitement et même les éloigner des zones riches en nourriture.

Changements dans les ressources alimentaires

Des ressources alimentaires inadéquates pourraient conduire à une réduction du taux de croissance des animaux, allongeant le temps nécessaire pour atteindre la maturité sexuelle, et/ou à une insuffisance des réserves de graisse dont les femelles ont besoin pour la gestation ou la lactation, ce qui entraînerait une hausse de la mortalité chez les baleineaux. À l’heure actuelle, on ne sait pas si ces changements se produisent. Les chercheurs suivent différents indices, comme l’épaisseur de la couche de gras, la forme du dos et les fluctuations du nombre de jeunes observés d’année en année.

Objectifs de rétablissement

1. Réduire la mortalité et les blessures causées par les collisions avec les navires

Il n’existe pas de solution simple au problème des collisions avec les navires. Même si les capitaines n’ont aucune intention de blesser ou de tuer les baleines noires, des accidents surviennent quand même. Les solutions proposées : analyser en profondeur la relation entre les baleines noires et le trafic maritime, réduire le chevauchement possible et miser sur une collaboration et des mesures volontaires avec les capitaines et marins pour réduire au minimum les collisions.

2. Réduire la fréquence et la gravité des prises accidentelles dans les engins de pêche

Cet objectif s’applique à la fois par une réduction de la gravité des prises accidentelles et par des mesures de prévention. Il est évident que les pêcheurs ont un rôle de première ligne à jouer; ceux-ci ont tout intérêt à prévenir les empêtrements de baleines dans leurs filets de pêche puisque de tels accidents endommagent leur matériel et compromettent la rentabilité de leurs activités.

3. Réduire le dérangement lié aux activités humaines

Étant donnée la petite taille de la population de baleines noires de l’Atlantique Nord, la prudence est de mise dans l’évaluation des risques liés aux activités humaines. La santé de chaque individu peut être importante pour la survie de la population. Cette stratégie comporte deux éléments majeurs. Premièrement, elle consiste à utiliser toute l’information disponible, ainsi que le bon sens, pour agir de façon préventive et ainsi réduire le dérangement potentiel causé aux baleines noires. Deuxièmement, elle consiste à étudier et à mieux comprendre les sources potentielles de dérangement et à développer des façons de les réduire davantage.

4. Assurer un suivi de la population

Les connaissances sur l’état de la population et son aire de répartition dans les eaux canadiennes ne sont pas suffisamment approfondies. Il est nécessaire de faire un suivi de la population et de surveiller la nature et l’ampleur des principales menaces pour les baleines noires.

5. Favoriser la recherche pour mieux comprendre l’espèce et les menaces qui pèsent sur elle

La recherche sur les baleines noires de l’Atlantique Nord n’a vraiment commencé de façon intensive que depuis le début et le milieu des années 1980. Malgré les connaissances acquises au fil des ans sur la biologie, le comportement et la situation de l’espèce, bien des aspects demeurent encore nébuleux. Pour améliorer les connaissances sur les baleines noires, certains suivis et projets de recherche doivent être poursuivis et d’autres doivent être initiés. Les chercheurs doivent coordonner leurs efforts et coopérer le plus possible étant donné l’ampleur et l’étendue des informations nécessaires. Les organismes et les chercheurs canadiens doivent travailler en étroite collaboration avec leurs homologues des États-Unis et, au besoin, du Groenland, de l’Islande et d’autres pays de l’Atlantique Nord dont les eaux sont fréquentées par les baleines noires.

6. Appuyer et promouvoir la collaboration entre les différents intervenants

La protection et le rétablissement de la baleine noire sont une responsabilité partagée avec les organismes de réglementation, les groupes d’utilisateurs et les collectivités présentes dans l’aire de répartition de l’espèce au Canada. Des gouvernements étrangers et des organismes internationaux s’intéressent aussi à la protection de l’espèce ou ont des responsabilités à cet égard. L’échange d’informations entre les diverses parties intéressées et leurs efforts de conservation, qui prennent souvent la forme de plans d’action pour le rétablissement, devraient être coordonnés et officialisés, au besoin.

7. Élaborer et mettre en oeuvre des activités de sensibilisation et d’intendance

Les efforts d’éducation et de sensibilisation sont des outils importants pour promouvoir les efforts de rétablissement auprès des parties intéressées et du grand public.

Dernière mise à jour : août 2018

Béluga du Saint-Laurent

En 2014, le Comité sur la situation des espèces en péril (COSEPAC) a attribué un nouveau statut au béluga du Saint-Laurent: «en voie de disparition». Ces experts, évaluant tous les dix ans l’état des espèces sauvages au Canada, déclarent que cette petite population fait face maintenant à un risque de disparition considérablement plus élevé qu’en 2005. En 2017, l’espèce a été officiellement reconnue comme «en voie de disparition» dans le cadre de la loi sur les espèces en péril.

Des experts de différents horizons avaient déjà joint leurs efforts pour élaborer un programme de rétablissement, conforme à la Loi sur les espèces en péril, visant à mieux comprendre les menaces et à proposer des stratégies afin de ramener la population de bélugas à un seuil où sa survie ne sera plus menacée par des perturbations naturelles et humaines.

Consulter le programme de rétablissement du béluga du Saint-Laurent publié en 2012.

Consulter l’évaluation et le rapport de situation du COSEPAC sur le béluga, population de l’estuaire du Saint-Laurent, publiés en 2015.

Arrêté visant l’habitat essentiel, publié en 2017

Plan d’action pour réduire l’impact du bruit sur le béluga (Delphinapterus leucas) et les autres mammifères marins en péril de l’estuaire du Saint-Laurent, publié en 2020

Rapport sur les progrès de la mise en œuvre du programme de rétablissement du béluga (Delphinapterus leucas), population de l’estuaire du Saint-Laurent au Canada pour la période 2012-2019, publié en 2022

Ce qui suit est le résumé du programme de rétablissement préparé par Baleines en direct.

Facteurs limitatifs

Outre la chasse historique, la stratégie de vie des bélugas (espérance de vie, maturation tardive et faible taux annuel de reproduction) et la faible diversité génétique sont des facteurs limitant le rétablissement de la population du Saint-Laurent. Advenant une mortalité importante, le retour de la population au niveau actuel serait très long, en comparaison à d’autres espèces ayant un temps de génération plus court, et la faible diversité génétique pourrait rendre leur système immunitaire moins efficace, les rendant plus susceptibles aux agents pathogènes et aux produits chimiques. Des facteurs naturels, comme l’émigration et la prédation, peuvent également causer la perte de quelques individus.

Menaces

Contamination

Quels contaminants?

L’examen des carcasses de bélugas trouvées sur les rives du Saint-Laurent depuis 1982 a permis de mesurer d’importantes concentrations de BPC, DDT, mirex, mercure et plomb, ainsi que des signes d’une exposition aux HAP chez les bélugas du Saint-Laurent. Ces produits sont bien connus pour leurs effets toxiques sur la vie animale et pour leur impact sur les systèmes reproducteur et immunitaire. Même après une interdiction d’utilisation ou une réduction des émissions, plusieurs contaminants persistent dans l’environnement pendant des décennies. Une réduction pour certains contaminants a toutefois été observée, notamment pour le DDT et les BPC. D’autres composés ont fait une entrée remarquée : les polybromés dyphényléters (PBDE), des composés ignifugeants; leur concentration dans les tissus des bélugas a augmenté de façon exponentielle au cours des années 1990.

Pourquoi autant ?

Étant donné ses habitudes alimentaires et sa position dans le réseau alimentaire, le béluga accumule de grandes concentrations de contaminants. Il s’alimente de poissons de petites et de moyennes tailles ainsi que d’invertébrés vivant près des sédiments. Le béluga ingère donc des « concentrés » de contaminants et devient un réservoir de ces produits persistants. Malgré les récentes réductions de déversement de ces produits toxiques, les niveaux de contaminants mesurés chez les bélugas ne baissent pas aussi rapidement que les niveaux dans l’environnement. Les adultes continuent à accumuler des contaminants par leur alimentation, tandis que les baleineaux reçoivent des doses très élevées tout au long de la gestation et de l’allaitement. Ce transfert de contaminants entrave le processus de décontamination du béluga.

Des impacts sur la santé?

De plus, des taux élevés de maladies (infections et cancers) sont observés chez les carcasses examinées. Aussi, le taux de cancer observé chez les bélugas du Saint-Laurent est beaucoup plus élevé que chez les bélugas de l’Arctique, qui sont d’ailleurs beaucoup moins contaminés, et que chez toute autre espèce de mammifères sauvages. De plus, la fréquence de ces maladies suggère que le système immunitaire des bélugas du Saint-Laurent pourrait être affaibli par l’exposition aux produits toxiques. Enfin, l’analyse des carcasses suggère que la contamination pourrait affecter le système reproducteur des bélugas, ce qui pourrait diminuer la production de jeunes et du même coup ralentir le rétablissement de cette population.

Dérangement

Pour survivre, se reproduire, tout animal doit réaliser ses activités vitales en tout quiétude! Si la perturbation est récurrente et touche plusieurs individus, c’est la survie de la population qui peut être remise en cause. L’important trafic maritime dans la zone fréquentée par les bélugas du Saint-Laurent est une source potentielle de dérangement. Ce trafic maritime inclut les quelques milliers de navires qui montent et descendent le Saint-Laurent et le Saguenay, les traversiers, les bateaux de pêche, les plaisanciers de toutes catégories et les bateaux d’excursion pour l’observation des baleines. Le nombre d’excursions pour l’observation des baleines a connu une croissance rapide depuis le début des années 1980 et inclut les survols en avion ou en hélicoptère pour les touristes.

La circulation des bateaux pourrait interférer avec les activités quotidiennes du béluga, comme la recherche de nourriture, les déplacements et les comportements sociaux, ainsi qu’avec les liens mère-baleineau. La présence de ces bateaux augmente aussi le risque de collision. Le béluga pourrait aussi être affecté par le bruit généré par la navigation commerciale, l’observation des baleines, la navigation de plaisance et les survols aériens. De récentes études ont démontré qu’à certains endroits et à certains moments, le bruit provenant du trafic maritime est si intense qu’il y a des risques de dommages aux oreilles pour les bélugas du Saint-Laurent. Cette baleine possède une ouïe et un système d’écholocation bien développés, essentiels pour trouver sa nourriture, naviguer et communiquer.

Autres dégradations de l’habitat

Les bélugas passent beaucoup de temps près des côtes. Durant les mois d’été, ils font preuve d’une grande fidélité à certains sites dans l’estuaire du Saint-Laurent ainsi que dans le Saguenay. Ces habitudes exposent les bélugas aux activités humaines côtières comme les barrages, la construction de marinas et de quais, le dragage ainsi que d’autres projets associés à l’industrie touristique en expansion. Aucun cas de désertion de sites n’a été jusqu’ici documenté de façon satisfaisante. Malgré tout, il est possible que des changements dans l’habitat suite à la construction des barrages hydroélectriques sur les rivières Manicouagan et Outardes, dans les années 1960, expliquent l’absence de bélugas dans la région des Bancs de la Manicouagan. Il est cependant impossible de vérifier cette hypothèse puisque aucune donnée sur les caractéristiques de l’habitat avant la construction des barrages n’est disponible. D’autre part, certains croient que la surexploitation des bélugas dans ce secteur dans le passé pourrait expliquer davantage l’absence de bélugas de nos jours. Une hypothèse semblable a été formulée pour expliquer l’absence de bélugas dans la baie de Tadoussac, un site autrefois fréquenté par les bélugas et qui a subi de nombreux changements depuis l’important développement de l’industrie touristique.

Les travaux de dragage, normalement effectués pour augmenter la profondeur et la largeur des voies de navigation et qui accompagnent les projets de construction de marinas, peuvent remettre en circulation les contaminants contenus dans les sédiments. Chaque année, des travaux de dragage sont effectués près du quai de Rivière-du-Loup, à proximité d’un site fréquenté par les bélugas, et un peu partout dans le Saint-Laurent. L’ampleur de ces travaux de dragage n’ira probablement pas en diminuant si l’on considère la taille des navires qui entrent et sortent du Saint-Laurent. L’exploration sismique et l’exploitation pétrolière et gazière entraînent de forts niveaux de bruits ainsi que plusieurs effets sur l’écosystème en entier. Ces activités sont interdites dans l’estuaire du Saint-Laurent, mais possibles dans le golfe du Saint-Laurent, un milieu que le béluga est susceptible de fréquenter l’hiver. Finalement, l’introduction d’espèces exotiques, via les eaux de ballast des cargos, consitue un enjeu d’envergure mondiale, pouvant modifier la composition des espèces dans un écosystème.

Réduction de l’abondance, de la disponibilité et de la qualité de la ressource alimentaire

Les répercussions que pourraient avoir les activités de pêche sur les bélugas sont mal connues. La chute des stocks de poissons commerciaux pourrait déplacer les efforts de pêche sur d’autres espèces de poissons et pourrait ainsi exercer une pression sur les proies du béluga. De même, la récente augmentation du nombre de phoques gris et de phoques du Groenland aura peut-être pour conséquence de réduire la disponibilité de proies. On craint aussi que la compétition pour les proies augmente si des changements climatiques étendaient la saison favorable aux oiseaux marins et aux animaux non adaptés aux conditions de glace du Saint-Laurent. Toutefois, sans données fiables sur le régime alimentaire du béluga et des autres mammifères marins, il est difficile de mesurer le degré de compétition pour les ressources alimentaires.

Prises accidentelles

Dans le golfe du Saint-Laurent, les pêcheurs rapportent régulièrement des prises accidentelles impliquant des marsouins communs et plus rarement d’autres espèces de cétacés. Les prises accidentelles dans les engins de pêche sont plus rares dans l’aire estivale des bélugas. Depuis la mise sur pied du programme de récupération des carcasses de bélugas du Saint-Laurent en 1982, moins de cinq cas d’empêtrement de béluga dans un engin de pêche ont été rapportés dans l’estuaire du Saint-Laurent. S’il est rare que les bélugas s’empêtrent dans des engins de pêche, cela est probablement attribuable à la faible importance de l’industrie de la pêche dans l’aire de distribution estivale du béluga, à la faible utilisation des filets maillants ainsi qu’aux capacités d’écholocation exceptionnelles des bélugas. Les risques d’empêtrement peuvent cependant être beaucoup plus importants pour les animaux qui s’aventurent hors de leur secteur habituel, où les activités de pêche sont plus répandues.

Collisions avec les bateaux

L’estuaire du Saint-Laurent est fréquenté par plusieurs types de bateaux susceptibles d’entrer en collision avec les bélugas; des rencontres pouvant être fatales, causer des blessures et affecter la survie des individus. Les bélugas sont probablement plus vulnérables aux embarcations d’excursion et de plaisance, qui ont des vitesses et des directions très variables, qu’à la flotte marchande. La curiosité manifestée par les bélugas face à ces embarcations contribue aussi à augmenter leur vulnérabilité. Plusieurs bélugas de l’estuaire présentent des blessures et des cicatrices attribuables vraisemblablement à une collision avec un navire. Ces marques servent aujourd’hui à différencier les bélugas grâce à la photo-identification.

Évènements catastrophiques

Déversements de produits toxiques

À ce jour, peu de déversements importants sont survenus dans le Saint-Laurent. L’estuaire étant un habitat semi-fermé, les conséquences d’un déversement pourraient être plus importantes comparativement à la mer. Entre autres problèmes envisagés, les gaz dégagés par l’évaporation du pétrole en surface pourraient endommager certains organes fragiles et une partie même du pétrole pourrait être ingérée par l’intermédiaire des proies contaminées. Ces problèmes seraient encore plus importants l’hiver, puisque le pétrole aurait tendance à s’accumuler près des glaces, un endroit où les bélugas passent une grande partie de leur temps. Cette menace est donc considérée comme potentiellement très dangereuse pour la population de bélugas du Saint-Laurent.

Épidémie

Les virus constituent la principale source potentielle d’épidémie. En particulier, le morbillivirus aurait causé la mort ces dernières années de centaines, voire de milliers de phoques et de cétacés dans le monde. Bien que des phoques du Saint-Laurent examinés jusqu’en 1999 avaient des anticorps contre le morbillivirus (signe de l’exposition au virus), on n’en a pas trouvé chez les bélugas examinés. Deux possibilités se dessinent : peut-être les bélugas n’ont-ils jamais été exposés au morbillivirus ou peut-être y sont-ils résistants? Dans le premier cas, la population des bélugas du Saint-Laurent serait très vulnérable à une épidémie si elle entrait en contact avec ces virus. S’ils ne sont pas résistants, une épidémie au morbillivirus dans la population de bélugas du Saint-Laurent pourrait leur être fatale étant donné la petite taille de la population. Aussi, étant donné la possibilité que le système immunitaire des bélugas soit affecté par l’exposition à plusieurs contaminants, leur vulnérabilité à de telles maladies en serait accrue. D’autres pathogènes, comme la bactérie Brucella et le protozoaire Toxoplasma gondii peuvent également causer des maladies infectieuses chez les bélugas.

Efflorescence d’algues toxiques

Été 2008, une marée rouge s’étendant sur 600 km2 a frappé l’estuaire du Saint-Laurent et aurait causé la mort de dix bélugas. La prolifération de l’algue toxique Alexandrium tamarense a causé la mort de plusieurs cétacés, de dizaines de phoques et de milliers d’oiseaux, d’invertébrés et de poissons. La neurotoxine produite par l’algue, ingérée via les proies, paralyse les animaux, entraînant l’asphyxie. L’eutrophisation, les changements climatiques et l’altération du régime des pluies qu’ils entraînent pourraient causer un accroissement des efflorescences d’algues et rendre cette menace significative pour les bélugas du Saint-Laurent.

Activités scientifiques

De par leur statut menacé, les bélugas du Saint-Laurent ont fait l’objet de plusieurs études scientifiques. Poses d’enregistreurs, photo-identification, prises de biopsies et suivis de troupeaux en bateau et de la côte; ces recherches, nécessaires à l’acquisition de connaissances sur les bélugas, sont toutefois susceptibles de les déranger. Les travaux de recherche susceptibles de déranger des mammifères marins requièrent un permis de Pêches et Océans Canada en tout temps et de Parcs Canada lorsque l’étude se réalise dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent.

 

Chasse

La chasse est considérée comme le facteur principalement responsable du déclin de la population de bélugas du Saint-Laurent; des milliers d’individus ont été chassés à la fin du 19e siècle. Aujourd’hui, la chasse est interdite et le braconnage n’est plus considéré comme un problème.

Objectifs de rétablissement

1. Réduire dans l’écosystème du Saint-Laurent, les contaminants toxiques susceptibles de nuire au rétablissement

L’équipe de travail du programme de rétablissement reconnaît que pour permettre le rétablissement de la population de bélugas, il est essentiel de restreindre encore davantage les quantités de substances nocives dans l’écosystème du Saint-Laurent et des Grands Lacs en provenance d’effluents et de l’atmosphère; de poursuivre les efforts de recherche pour mieux comprendre les effets de ces contaminants ainsi que leur évolution dans les tissus des bélugas et de leurs proies; de prendre des mesures pour réduire au minimum la recirculation des contaminants déjà présents dans le système, notamment les sédiments, et l’introduction de nouveaux contaminants ; et de poursuivre le nettoyage des sites terrestres aquatiques contaminés dans le bassin du Saint-Laurent et des Grands Lacs.

2. Réduire le dérangement causé par les activités humaines

Le programme de rétablissement présente des stratégies qui visent à réduire le dérangement et à favoriser une cohabitation viable entre les bélugas et les humains. Pour réussir ce pari, une meilleure compréhension des impacts du dérangement et de la pollution sonore est essentielle tout comme adopter, réviser et appliquer des mesures de protection aux sites très fréquentés par les bélugas. L’importance de ne pas déranger les bélugas devrait être publicisée et des mesures devraient être prises pour assurer que les bélugas ne deviennent pas les cibles des excursions aux baleines.

3. Assurer des ressources alimentaires accessibles et adéquates au béluga

Il faut protéger les sites de fraie, d’alevinage et les voies migratoires des proies du béluga, poursuivre les recherches sur le régime alimentaire du béluga, et prévenir de nouvelles activités de pêches susceptibles d’avoir un impact sur les bélugas ou ses proies.

4. Atténuer les effets des autres menaces sur le rétablissement de cette population

Développer et mettre en place des mesures de protection adéquate pour les projets côtiers; maintenir le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins ; suivre les incidents avec les engins de pêche ; conserver et améliorer le programme de récupération des carcasses, avec une attention particulière envers les causes de mortalité, et élaborer des plans d’urgence en cas de déversement, d’efflorescence et d’épizootie sont des mesures visant à atténuer les effets des multiples menaces freinant le rétablissement de la population de béluga du Saint-Laurent.

5. Protéger l’habitat du béluga sur toute son aire de répartition

Il sera essentiel de poursuivre l’effort de recherche pour approfondir les connaissances sur les zones de fréquentation intensive des bélugas, selon les saisons, ainsi que les menaces planant sur ces habitats et de mettre en place des mesures de protection par divers outils légaux (aires marines protégées, plan de zonage, etc.).

6. Assurer un suivi de la population

Il est essentiel de surveiller l’état de la population de bélugas du Saint-Laurent afin de détecter toute amélioration ou détérioration. Ceci implique la réalisation de recensements de la population tous les trois ans au minimum et l’étude des carcasses des bélugas trouvés morts, lesquelles ont jusqu’ici constitué la principale source d’informations sur la biologie des bélugas (maladies, concentration de contaminants, âge au moment de la mort, etc.). On doit aussi étudier la structure et la taille de la population afin de détecter les tendances, comprendre le patron de mortalité et identifier les problèmes de recrutement. Les données obtenues sur des animaux vivants permettraient d’élucider les relations entre les contaminants et divers indicateurs de santé.

Dernière mise à jour: aout 2019

Rorqual bleu

Depuis sa désignation d’espèce « en voie de disparition », une équipe d’experts a travaillé à développer un programme de rétablissement pour le rorqual bleu de l’Atlantique Nord-Ouest. Celui-ci est paru en novembre 2009. Dans ce programme, l’équipe énonce les menaces pesant sur cette population et des recommandations pour favoriser son rétablissement. Du côté des États-Unis, des experts ont publié un plan de rétablissement en 1998.

Facteurs limitatifs

Quelque 200 000 rorquals bleus peuplaient autrefois les océans du monde. Mais la grande taille de ces animaux a causé leur perte ; le rorqual bleu était prisé par les chasseurs de baleine qui en retiraient de grandes quantités d’huile et de viande. Les rorquals bleus de l’Atlantique Nord-Ouest semblent avoir de la difficulté à se remettre de cette chasse intensive de la première moitié du XXe siècle.

Menaces

Neuf menaces ont été répertoriées en plus de la chasse et des mortalités naturelles. Les menaces ont été classées en trois catégories, selon le risque pour la population. Même les activités affectant un faible nombre d’individus peuvent avoir une incidence déterminante sur l’avenir de cette petite population.

Menaces d’origine anthropique à risque élevé

Menaces d’origine anthropique à risque moyennement élevé

Menaces d’origine anthropique à risque moins élevé

Objectifs de rétablissement

Le rétablissement du rorqual bleu de la population de l’Atlantique Nord-Ouest a été jugé réalisable par l’équipe de rétablissement. Par contre, le rorqual bleu utilise un vaste territoire, et son rétablissement doit passer par des efforts internationaux. Voici les objectifs en eaux canadiennes, pour atteindre une taille de population de 1000 individus matures; plusieurs mesures nécessaires pour atteindre ces objectifs sont décrites dans le programme de rétablissement.

    1. Évaluer à long terme la taille de la population de rorquals bleus de l’Atlantique Nord-Ouest dans les eaux canadiennes et déterminer l’aire de répartition ainsi que son habitat essentiel
    2. Mettre en place des mesures de contrôle et de suivi des activités pouvant nuire au rétablissement du rorqual bleu (bruit, impacts sur les proies, dérangement, accidents, contamination)
    3. Accroître les connaissances sur les principales menaces afin d’en déterminer leurs impacts réels et d’identifier des moyens efficaces d’atténuer les conséquences négatives sur le rétablissement de cette population

 

Menaces

Chasse

La chasse au rorqual bleu du début du XXe siècle a grandement réduit la taille de la population de ce géant dans l’Atlantique Nord. Environ 1 500 rorquals bleus ont été chassés dans les eaux de l’Est du Canada entre 1898 à 1951, dont 80 à 100 par une station baleinière installée à Sept-Îles, au Québec, entre 1911 et 1915. En tout 11 000 rorquals bleus auraient été prélevés dans tout l’Atlantique Nord de la fin du XIXe siècle jusqu’en 1960. Peu de rorquals bleus ont été chassés dans les eaux de l’Est du Canada après 1951; en fait, depuis 1955, la Commission baleinière internationale (CBI) interdit la chasse à cette espèce dans l’Atlantique Nord.

 

Piégeage dans les glaces

L’emprisonnement dans les glaces au cours de l’hiver cause occasionnellement la mort de rorquals bleus. On a recensé au moins 41 rorquals bleus pris dans les glaces le long de la côte Ouest de Terre-Neuve entre 1869 et 1992. Dans 77% des cas, l’emprisonnement a été fatal pour l’animal. Le programme de photo-identification des rorquals bleus du Saint-Laurent montre que certains rorquals bleus du Saint-Laurent portent sur leur dos des cicatrices manifestement causées par les glaces. Certains individus s’attardent dans le golfe du Saint-Laurent en hiver pour y exploiter les bancs de plancton qui s’accumulent à la limite des glaces. Les glaces, qui se déplacent au gré du vent et du courant, peuvent former des trappes mortelles.

Prédation

Le seul prédateur connu des rorquals bleus est l’épaulard, un cétacé qui chasse parfois d’autres mammifères marins. Peu de rorquals bleus du Saint-Laurent portent les marques « de râteau » habituellement laissé par une attaque d’épaulards et aucune attaque n’a été rapportée dans cette région. La prédation n’est donc probablement pas une cause de mortalité très importante pour les rorquals bleus de l’Atlantique Nord-Ouest.

Menaces d’origine anthropique à risque élevé

Bruits d’origine anthropique : dégradation de l’habitat acoustique et modification du comportement

Voir son environnement, trouver ses proies, communiquer avec ses congénères… le rorqual bleu utilise les sons de très basses fréquences pour plusieurs de ses activités essentielles. Or, le bruit ambiant augmente et compromet la transmission de ces signaux sonores. Dans un océan de l’ère pré-industrielle, l’appel d’un rorqual bleu pouvait être entendu sur des distances de 100 à 1000 milles marins alors que de nos jours, la communication pourrait être réduite à 10 à 100 milles marins. Les chances de communiquer avec ses pairs et l’habileté à percevoir son environnement sont ainsi réduites ; des activités essentielles comme l’alimentation, les interactions sociales, les soins des jeunes, etc., peuvent être interrompues; et des habitats essentiels peuvent être évités, à court ou long terme.

L’estuaire et le golfe du Saint-Laurent sont des voies très importantes pour le transport maritime et constituent un milieu aquatique bruyant. Les rorquals bleus du secteur produiraient des sons dans une gamme de fréquences plus large que celle observée dans d’autres régions de l’Atlantique Nord-Ouest. Des chercheurs émettent l’hypothèse que les bruits ambiants élevés dans le Saint-Laurent pourraient être la cause de ces différences, le bruit forçant les rorquals bleus à modifier la fréquence de leurs signaux afin d’augmenter les chances de détection par d’autres rorquals bleus. Puis, l’exploration sismique et l’exploitation pétrolière et gazière, qui ont cours sur la côte Est du Canada, soit à l’est de Terre-Neuve et sur le plateau néo-écossais, sont des activités qui ont des effets sur le comportement des cétacés : modification des voies migratoires, de la vitesse de nage, des profils de plongées et de l’alimentation.

Disponibilité de la nourriture

Les rorquals bleus mangent presque exclusivement du krill et requièrent des sites avec des concentrations très élevées de ces proies : ces géants sont donc particulièrement vulnérables aux fluctuations de leurs proies. Une diminution des ressources alimentaires peut avoir des conséquences importantes pour la population.

La présence accrue de poissons pélagiques consommateurs de krill (capelans et harengs) pourrait limiter la disponibilité de cette ressource alimentaire pour les rorquals bleus. Depuis les dernières décennies, la répartition et l’abondance de ces poissons ont considérablement changé dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent à la suite du déclin de leurs prédateurs, la morue franche et le sébaste, tous deux surpêchés. L’exploitation commerciale du krill dans le golfe Saint-Laurent pour l’industrie nutraceutique pourrait aussi réduire la disponibilité de cette ressource alimentaire pour le rorqual bleu. Cependant, depuis 1998, cette pêche est interdite dans l’est du Canada. Finalement, les changements climatiques pourraient engendrer des modifications du climat océanique qui risquent d’avoir une incidence sur l’abondance de krill.

Menaces d’origine anthropique à risque moyennement élevé

Contaminants

Des concentrations considérables de BPC et de pesticides ont été relevées chez les rorquals bleus du Saint-Laurent. Les niveaux de pesticides et de BPC ont été analysés à partir d’échantillons de graisse prélevés chez 38 mâles et 27 femelles du golfe du Saint-Laurent entre 1992 et 1999. Ces analyses ont mis en évidence d’importantes différences entre les mâles et les femelles, ces dernières présentant des concentrations plus faibles à cause du transfert des contaminants de la mère aux petits au cours de la gestation et de l’allaitement. Les concentrations de contaminants persistants mesurées dans la graisse du rorqual bleu étaient environ deux fois inférieures à celles relevées chez le béluga de l’estuaire du Saint-Laurent, ce qui pourrait s’expliquer par le fait que les rorquals bleus fréquentent la région de façon plus intermittente et se nourrissent à un niveau inférieur du réseau alimentaire (ils se nourrissent de krill) par rapport aux baleines à dents. Les concentrations de contaminants chez les petits sont souvent similaires à celles de la mère, ce qui soulève des préoccupations quant aux impacts toxicologiques de l’exposition aux contaminants au cours des premiers stades de la vie, périodes auxquelles l’animal est plus vulnérable. Existe-t-il un lien entre le faible nombre de baleineaux observés dans le Saint-Laurent et la contamination? L’enquête se poursuit.

Collisions avec les navires

Près de 12 000 mouvements de navires ont été recensés en 2003 dans l’estuaire du Saint-Laurent entre Sept-Îles et Les Escoumins. Les voies empruntées par ces navires traversent des zones fortement fréquentées par les rorquals bleus. Au moins 5 % des rorquals bleus qui fréquentant le Saint-Laurent portent de profondes blessures et des cicatrices attribuables à un contact avec l’hélice ou la coque d’un navire. Malgré le peu de preuves directes de mortalités causées par une collision avec un navire, le nombre relativement élevé de rorquals bleus portant des cicatrices potentiellement reliées à de telles collisions indique que cette menace est réelle et possiblement importante, d’autant plus qu’avec le faible nombre de rorquals bleus dans l’Atlantique Nord-Ouest, la perte de quelques individus par année peut représenter un obstacle important au rétablissement de cette population.

Observations des baleines

Une importante industrie d’observation des mammifères marins existe dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent. Une étude menée dans l’estuaire du Saint-Laurent sur le rorqual commun, une espèce cousine du rorqual bleu, a montré qu’en présence d’un grand nombre de bateaux, ils écourtent leur temps de plongée et donc possiblement le temps consacré à la capture des proies. Cela pourrait diminuer la quantité de nourriture que les baleines capturent, affecter leur capacité à emmagasiner des réserves et, éventuellement, réduire leurs chances de survie ou leur succès de reproduction. Un projet lancé en 2002 tente d’évaluer la réaction des rorquals bleus à la présence des bateaux.

Menaces d’origine anthropique à risque moins élevé

Bruit d’origine anthropique: dommages physiques

En plus de pouvoir masquer les sons produits par les rorquals bleus et d’affecter leurs comportements, les bruits de forte amplitude ou de longue durée peuvent aussi provoquer des modifications temporaires ou permanentes des seuils d’audition, la production d’hormones de stress et des dommages physiques tels que des lésions internes pouvant mener à la mort. C’est lors de l’exploration sismique ou de l’utilisation de sonar basse fréquence actif que l’on enregistre habituellement les plus hauts niveaux de bruit.

Prises accidentelles dans les engins de pêche

Des centaines de milliers de cétacés meurent chaque année pris dans des engins de pêche dans les eaux du monde. Dans le Saint-Laurent, les filets maillants ont causé la mort d’au moins trois rorquals bleus depuis 1979 et près de 10% des rorquals bleus portent des cicatrices attribuables aux engins de pêche. Aussi, au moins cinq cas d’animaux empêtrés, mais nageant librement ont été signalés depuis 1990.

Épizooties et efflorescence d’algues toxiques

Dans l’Atlantique Nord, les cas de mortalités massives chez les mammifères marins causées par les maladies semblent être en augmentation depuis la deuxième moitié du 20 , et peuvent avoir de graves conséquences sur une population qui possède un faible effectif comme celle des rorquals bleus de l’Atlantique Nord-Ouest. Cette augmentation des maladies serait attribuable, entre autres, aux variations climatiques et aux activités humaines entrainant la dégradation de l’habitat et la pollution. Toutefois, cette menace demeure peu documentée.

Les intoxications aux algues toxiques chez les cétacés dans tous les océans seraient de plus en plus fréquentes. En août 2008, une dizaine de bélugas et de marsouins communs sont morts lors d’une marée rouge dans l’estuaire du Saint-Laurent causée par l’algue Alexandrium tamarense. L’ampleur qu’a pris ce phénomène naturel est probablement due aux précipitations particulièrement abondantes de l’été 2008 qui ont entraîné une augmentation de la température et une baisse de la salinité des eaux de surface. Ainsi, le réchauffement climatique et le changement du régime des pluies qu’il entraîne, pourraient causer un accroissement des efflorescences d’algues et rendre cette menace significative pour les rorquals bleus.

Déversements de produits toxiques

Les impacts d’un déversement de produits toxiques pour le rorqual bleu sont très variables et difficiles à évaluer. Bien que la plupart des cétacés évitent les nappes de pétrole à la surface de l’eau, ils peuvent entrer accidentellement en contact avec celles-ci. Si la peau des cétacés est une barrière efficace, les vapeurs toxiques peuvent toutefois endommager les tissus sensibles comme les membranes des yeux, de la bouche et des poumons. De plus, les mammifères marins peuvent ingérer le produit déversé soit directement ou par l’intermédiaire de proies contaminées, ce qui risque d’occasionner différents effets toxiques et physiologiques. Finalement, les fanons des mysticètes, comme ceux des rorquals bleus, peuvent temporairement être engorgés des produits déversés, ce qui risque de nuire à l’alimentation et peut favoriser l’ingestion de produits pétroliers.

Objectifs de rétablissement

Les mesures recommandées et jugées urgentes pour l’objectif 1 :

 

  • Faire le suivi scientifique de la population de rorquals bleus de l’Atlantique du Nord-Ouest (programme en eaux canadiennes et arrimage avec programmes internationaux).
  • Évaluer l’impact de divers processus sur la répartition, le comportement et la migration des rorquals bleus.
  • Analyser les données existantes et nouvelles afin de déterminer où et quand se concentrent les rorquals bleus.

Les mesures recommandées et jugées urgentes pour l’objectif 2 :

  • Mettre en place des mesures de protection adéquates contre le bruit pour tous les projets côtiers et extracôtiers dans l’air de répartition du rorqual bleu.
  • Réduire les risques de dérangement et de collisions dans les aires de fréquentation connues.
  • Maintenir le moratoire sur l’exploitation des espèces fourragères.
  • Sensibiliser les bateliers, armateurs et industries aux impacts négatifs du bruit sur les rorquals bleus.

Les mesures recommandées et jugées urgentes pour l’objectif 3 :

  • Évaluer les concentrations de divers contaminants dans les tissus, les proies et l’environnement du rorqual bleu.
  • Combler les lacunes dans les connaissances sur le zooplancton et d’autres proies.
  • Documenter les sources et les niveaux de bruit dans différents secteurs fréquentés par le rorqual bleu et évaluer son exposition au bruit, surtout dans les aires de fréquentation connues.
  • Faire la nécropsie des carcasses de rorquals bleus dans l’Est du Canada afin de documenter les causes de mortalité.

Dernière mise à jour: août 2019

Baleine à bec commune

Depuis la désignation de la population du plateau néo-écossais comme étant « en voie de disparition », une équipe d’experts, chapeautée par Pêches et Océans Canada, a travaillé à développer un programme de rétablissement. Paru en 2016, ce programme présente les facteurs potentiellement limitants pour le rétablissement de la population, les menaces et les recommandations pour favoriser son rétablissement.

Facteurs limitants

La petite taille de la population (163 individus), sa faible diversité génétique, son éloignement des autres populations, sa dépendance au Gully (un canyon sous-marin situé à la limite du plateau néo-écossais à 200 km des côtes) et son faible taux de reproduction sont tous des facteurs susceptibles de freiner le rétablissement de cette population.

 

Menaces

La baleine à bec commune était autrefois abondante dans les eaux de l’Atlantique Nord. Comme pour bien des espèces, la chasse commerciale a décimé plusieurs populations de cette espèce. Bien que la chasse à la baleine à bec commune ait cessé au début des années 1970, d’autres menaces pèsent sur cette petite population qui habite le plateau néo-écossais :

Objectifs de rétablissement

Étant donné qu’il est possible que cette population demeure relativement petite en raison de facteurs limitatifs naturels, ce programme de rétablissement vise plutôt la réduction des menaces afin de permettre le maintien de cette population et d’empêcher qu’elle décline davantage. Quatre objectifs ont été établis pour atteindre ce but :

  1. Avoir une meilleure connaissance de l’écologie de la baleine à bec commune
  2. Avoir une meilleure connaissance de l’effectif, de la tendance et de la répartition de la population
  3. Avoir une meilleure connaissance et surveiller les menaces humaines qui pèsent sur cette population
  4. Amener les intervenants concernés et le public à s’investir dans le rétablissement par l’éducation et la gouvernance.

 

Menaces

Chasse

La chasse à la baleine à bec commune au XXe siècle a réduit considérablement la taille des populations de l’Atlantique Nord, dont celle du plateau néo-écossais. Toutefois, comme la taille historique de cette population n’est pas connue, il est impossible de déterminer si elle s’est rétablie ou non de ce prélèvement. La Commission baleinière internationale (CBI) a désigné le stock de baleines à bec communes comme « protégé » en 1977 et a fixé à zéro le quota des prises.

Activités pétrolières et gazières

L’exploration gazière et pétrolière est en expansion sur le plateau néo-écossais. Plusieurs sources commercialement exploitables ont été trouvées près du Gully; la plateforme pétrolière la plus proche se trouve à environ 35 km dans des eaux peu profondes. Pour détecter de potentielles sources de gaz ou de pétrole, des relevés sismiques sont effectués. Ces relevés utilisent de puissantes détonations à intervalles réguliers. Le forage et les autres opérations liées à l’exploitation contribuent aussi à augmenter le bruit ambiant. Les déversements, les matériaux rejetés et l’augmentation du trafic maritime sont d’autres menaces pour les baleines à bec. Pour le moment, le Gully n’est ni exploré ni exploité. Depuis 2004, il profite d’un niveau élevé de protection puisqu’il a été désigné Zone de protection marine (ZPM). Par contre, d’autres canyons sous-marins à proximité, occasionnellement utilisés par les baleines à bec communes, ne possèdent aucune protection.

Empêtrement dans les engins de pêche

Plusieurs baleines à bec communes photo-identifiées portent des marques de rencontres avec des engins de pêche, et d’autres observations de baleines empêtrées dans des filets ont été faites. Les zones peu profondes près du Gully ont été fortement draguées dans le passé pour la pêche aux poissons de fond tel le flétan. Ce type de pêche a grandement diminué au cours des dernières années, en raison de la chute des stocks de poissons de fond, mais pourrait s’y étendre de nouveau dans l’avenir, selon la situation des espèces ciblées et d’autres facteurs. Aussi, la pêche au thon (à la palangre) et à l’espadon (au harpon ou à la palangre) se poursuit dans le secteur du Gully, sauf dans les zones profondes, où toute activité halieutique est interdite et où l’on retrouve une grande partie de l’habitat et de la population des baleines à bec communes du plateau néo-écossais.

Bruit

Il n’est pas encore clair comment la pollution sonore affecte les baleines à bec, mais les effets pourraient comprendre l’accoutumance, des perturbations du comportement, des déficiences auditives temporaires ou permanentes, le masquage acoustique et même des blessures, l’échouage et la mort. Au nombre des sources possibles figurent les activités de prospection et d’extraction du pétrole et du gaz, les exercices militaires, dont l’utilisation de sonars mis en cause lors d’événements fatals d’échouages de baleines à bec ailleurs dans le monde, les travaux de recherche scientifique qui font appel au son, le trafic maritime et le trafic aérien à basse altitude, et la construction. De plus, il est possible que par leurs habitudes de plongée en eau très profonde, les baleines à bec soient plus vulnérables au bruit sous-marin; le son se concentre dans les couches d’eau profonde et se propage ainsi plus loin.

Contamination

Les débris flottants constituent une importante source de pollution du Gully. Ces débris, comme des sacs de plastique, des filets de pêche et des courroies, peuvent représenter une menace pour les baleines à bec qui y vivent.

La contamination est un autre type de pollution qui pourrait affecter les baleines à bec communes. Le développement des activités de forage pourrait contribuer à l’augmentation de la contamination du Gully avec les déblais alentour des plateformes pétrolières, l’eau extraite, les déversements accidentels d’hydrocarbures et la hausse du trafic maritime. Toutefois, rien n’indique clairement qu’il y ait eu une pollution nuisible dans l’habitat des baleines ces dernières années.

De récentes études montrent aussi que les baleines à bec communes du plateau néo-écossais présenteraient des niveaux de DDT supérieurs aux années passées, sans que la cause soit déterminée, et que ces niveaux seraient supérieurs à ceux mesurés dans la population du détroit de Davis. Toutefois, dans l’ensemble, les teneurs en contaminants parmi la population du plateau néo-écossais sont comparables à celles qu’on trouve chez d’autres cétacés de haute mer et qui ne seraient pas suffisamment élevées pour causer des problèmes de santé.

Changement dans les sources alimentaires

L’accès à de bonnes sources de nourriture semble être un élément déterminant dans la répartition
de la baleine à bec commune sur le plateau néo-écossais. On retrouverait une quantité impressionnante de proies dans le Gully et dans les canyons adjacents, ce qui inciterait les baleines à bec communes à se concentrer à cet endroit. Toutefois, toute perturbation dans les sources alimentaires au sein de cet habitat pourrait les amener à abandonner les lieux. Comme peu d’autres endroits semblent leur offrir pareilles possibilités alimentaires, cela pourrait avoir une incidence phénoménale sur la population. De plus, toute pêche commerciale future de l’encornet, principale proie des baleines à bec communes, constituerait aussi une nouvelle menace pour ces baleines.

Collisions avec les navires

Plusieurs baleines meurent chaque année de collisions avec des navires au large de la Nouvelle-Écosse, mais aucun cas rapporté n’impliquait des baleines à bec communes. Toutefois, comme ces animaux évoluent loin au large, il est peu probable qu’on découvrirait les restes des baleines à bec mortellement blessées dans des collisions graves avec des navires; il y a donc là une menace possible qui ne peut être écartée. Des baleines avec des cicatrices, pouvant être causées par de telles collisions, ont été d’ailleurs observées.

Objectifs de rétablissement

1. Avoir une meilleure connaissance de l’écologie de la baleine à bec commune

Les connaissances sur l’écologie des baleines à bec communes comportent de nombreuses lacunes que ce soit en matière d’habitat, de reproduction, d’alimentation, d’échanges avec d’autres populations ou de mortalités. C’est pourquoi des études, sur les proies, la reproduction et les déplacements, doivent être entreprises ; la photo-identification, des baleines à bec communes du Gully, des canyons Haldimand et Shortland, poursuivie ; des méthodes acoustiques de surveillance développées ; et une base de données sur les baleines échouées, incluant les résultats des autopsies subséquentes, tenues.

2. Avoir une meilleure connaissance de l’effectif, de la tendance et de la répartition de la population

En poursuivant l’identification photographique de manière à pouvoir déterminer, avec une
précision de plus ou moins 5 %, quelle tendance suit la population ; en surveillant systématiquement toute présence visible de baleines à bec communes dans leur habitat connu ; et en étudiant leur répartition dans les zones adjacentes à cet habitat.

3. Avoir une meilleure connaissance des menaces humaines qui pèsent sur cette population, surveiller ces menaces et les réduire si nécessaire

  • Évaluer les effets possibles de mise en valeur des hydrocarbures sur les baleines à bec communes ; voir à ce que des mesures pertinentes d’atténuation soient en place ; et continuer à élaborer et à adopter des pratiques optimales.
  • Suivre et documenter les contacts avec les engins de pêche et à partir de ces résultats, élaborer des protocoles pour libérer les baleines empêtrées. Advenant de nouvelles pêches ou des pêches reconduites, déterminer quels sont les risques et étudier la faisabilité, les coûts et les avantages de la modification des engins de pêche ou d’autres mesures d’atténuation qui seraient jugées nécessaires. Finalement, envisager d’autres mesures de gestion spatiale si besoin.
  • Cerner les sources de bruit dans l’habitat des baleines à bec communes et voir à ce que des mesures d’atténuation ou de gestion soient appliquées à chacune d’elles. Étudier les seuils à utiliser dans la gestion du bruit sous-marin et évaluer leurs effets possibles.
  • Recueillir systématiquement des échantillons et les analyser pour y déceler d’éventuels contaminants. Établir un moyen de garder et d’archiver ces échantillons et résultats d’analyse pour qu’on puisse procéder à des comparaisons des teneurs en contaminants au fil du temps. Étudier les sources possibles et les trajets des contaminants et surveiller la qualité de l’eau et des sédiments dans l’habitat des baleines à bec communes.
  • Surveiller les activités humaines autres (touristiques, scientifiques, etc.) se déroulant dans l’habitat de la baleine à bec commune et si nécessaire, voir à ce que des mesures d’atténuation des effets de ces activités soient mises en place. Utiliser l’expérience acquise en rapport avec d’autres espèces pour élaborer des protocoles applicables à la recherche scientifique et au tourisme.

4. Amener les intervenants concernés et le public à s’investir dans le rétablissement par l’éducation et la gouvernance

Par l’éducation auprès des groupes d’intervenants concernés et du grand public. Cerner les possibilités de gérance et diffuser de l’information à leur sujet aux publics pertinents.

Autre stratégie de conservation : La protection du Gully

Le Gully (ou Goulet de l’île de Sable) constitue un habitat unique et complexe de l’Atlantique Nord-Ouest. Ce canyon sous-marin abrite une grande variété d’espèces, des coraux aux baleines, incluant la population de baleines à bec communes en voie de disparition. Pour protéger cet habitat particulier, le ministère des Pêches et Océans du Canada (MPO) l’a désigné Zone de protection marine (ZPM) en mai 2004. L’établissement d’une ZPM à cet endroit vise à protéger cet écosystème unique tout en permettant une utilisation durable de ses ressources. Cette désignation survient six ans après avoir élaboré, en 1997, la Stratégie de conservation du Gully.

En 1994, le MPO déclarait le Gully comme sanctuaire de baleines pour tenter de diminuer les collisions avec les navires et le dérangement potentiel par le bruit pour les baleines de cette zone. Ainsi, le MPO recommande d’éviter la navigation dans le Gully. Si cela est impossible, il recommande de diminuer la vitesse, de poster un observateur et de manœuvrer pour éviter toutes activités de mammifères marins. Enfin, le MPO demande de rapporter toutes observations ou collisions par l’intermédiaire du service de communication ou de trafic local. Plusieurs compagnies qui voyagent dans ce secteur ont accepté d’éviter le Gully.

Enfin, d’autres décisions ont été prises du côté du secteur privé pour favoriser la protection du Gully. Entre autres, en 1990, la compagnie pétrolière Lasmo déclarait un secteur incluant le Gully comme « zone d’exclusion des pétroliers » pour que le trafic maritime associé à ses activités n’interfère pas avec les baleines. À cette époque, Lasmo commençait l’exploitation pétrolière à 110 km à l’ouest du Gully.

Plusieurs travaux de recherche sont entrepris pour déterminer si l’habitat essentiel devrait s’étendre jusqu’aux canyons Shortland et Haldimand, selon les déplacements des baleines à bec communes.

Dernière mise à jour: 2019