Les rorquals bleus accordent leurs vocalises de basse fréquence de manière extrêmement précise et uniforme, à une fréquence de 16 Hz, selon l’étude récemment publiée dans le Journal of the Acoustical Society of America par le professeur en physique Roger Bland et son équipe de l’Université de San Francisco. Les enregistrements des vocalises de 4 378 rorquals bleus appartenant à la population de la partie orientale du Pacifique Nord ont été réalisés à 50 milles marins de la côte californienne, pendant une période de trois mois en 2001. L’étude s’est portée sur les infrasons, ces longs mugissements typiques de cette population qui peuvent se propager sur des centaines de kilomètres.

Selon Roger Bland, les rorquals bleus sont capables de contrôler avec une grande finesse la hauteur de ton de leur vocalise, ceci de manière répétitive, à chaque émission, et en se synchronisant les uns avec les autres. En termes musicaux, la fréquence de 16 Hz correspond à un do positionné à quatre octaves en dessous du do moyen. Dans la gamme musicale, le do et le do dièse sont séparés d’un demi-ton, soit 6 % de différence. Dans l’ensemble des infrasons émis par les rorquals bleus, une très petite variation a pu être repérée, de l’ordre de 0,5 %.

Une infime différence pour savoir où tu es

Les chercheurs pensent que les rorquals bleus adopteraient une telle uniformité dans leurs vocalises pour être capables de remarquer la moindre différence dans les tonalités, permettant aux individus de se localiser dans l’espace, ceci selon le phénomène physique appelé effet Doppler. Par exemple, lorsqu’une ambulance passe rapidement devant nous, nous percevons un changement du son de sa sirène. Lorsque la sirène se rapproche, la période du son diminue et celui-ci devient plus aigu, mais lorsqu’elle s’éloigne, la période s’allonge et le son devient plus grave.

Des études antérieures ont montré que les infrasons sont seulement produits par les mâles et pendant leurs déplacements. Étant donné que les rorquals bleus peuvent se déplacer à la vitesse de 5 mètres par seconde, il est possible que les femelles puissent les localiser en écoutant les modulations de leurs vocalises, précise Roger Bland. Ce qui leur permettrait de s’en rapprocher ou de s’en éloigner. En quelque sorte, c’est comme s’ils avaient décidé de se brancher sur une même fréquence, une activité sociale très sophistiquée, dit Roger Bland.

Des sons pour communiquer et se reproduire

Cette étude pourrait avoir des prolongements très utiles dans les futures études des populations de rorquals bleus dans le monde, notamment sur deux axes de la recherche. Celui sur leur faible taux de reproduction comparé à d’autres espèces de baleines dont leurs populations ont tendance à augmenter et celui sur la diminution de leurs fréquences, cette tendance ayant été observée dans le monde entier dans les dernières décennies. Le bruit du trafic maritime est proche des basses fréquences émises par les cétacés, ce qui les aurait poussés à modifier leurs vocalises pour continuer à communiquer entre eux, selon l’hypothèse du chercheur.[ e! Science News , ScienceBlog, Mercury News]

En savior plus

Sur le site de Science News (en anglais seulement) : Blue whales align the pitch of their songs with extreme accuracy, study finds
Sur le site de ScienceBlog (en anglais seulement) : Blue whales align the pitch of their songs with extreme accuracy, study finds
Sur le site de Mercury News (en anglais seulement) : Study finds blue whales have perfect pitch, but research raises more questions than it answers

Actualité - 12/8/2010

Christine Gilliet

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