Il existe près de 70 espèces de baleines à dents et 13 espèces de baleines à fanons. Les baleines à fanons ont un mode d’alimentation très spécialisé, les proies et les habitats qu’elles recherchent sont limités, mais pour les baleines à dents, il y a mille et une possibilités. Cette grande diversité se traduit par un grand nombre d’habitats. Certaines baleines à dents, issues de plusieurs familles, exploitent ainsi les milieux d’eau douce (rivières, lacs, etc.). Pour survivre à ces milieux a priori «inadéquats», ces baleines possèdent plusieurs adaptations. Par exemple, elles produisent aussi une urine plus diluée pour conserver leur niveau de salinité interne stable. Certaines ont des vibrisses pour détecter les proies dans les eaux troubles et boueuses.

En Amérique du Sud

Le dauphin rose de l’Amazonie (Inia geoffrensis), boto en brésilien, le boto de Bolivie (Inia boliviensis) et le boto de l’Araguaia (Inia araguaiaensis) évoluent dans plusieurs rivières sud-américaines. Ils possèdent un long rostre bien denté. Pratiquement aveugles, ils se servent de leur système d’écholocalisation pour naviguer et trouver leurs proies. Le dauphin rose de l’Amazonie est le cétacé d’eau douce le plus abondant et il partage son habitat avec le tucuxi (Sotalia fluviatilis) dans les rivières Amazone et Orénoque. Contrairement aux espèces de botos, le tucuxi n’est pas classé comme un dauphin d’eau douce, mais comme un dauphin océanique. Il fréquente les eaux fluviales du Pérou, de l’Équateur et de la Colombie ainsi que les eaux côtières de l’Amérique du Sud et Centrale. Le Fransiscain (Pontoporia blainvillei), aussi appelé le dauphin de La Plata, se trouve principalement dans les eaux côtières et les estuaires de l’Amérique du Sud-Est (au sud du Brésil jusqu’au nord de l’Argentine).

En Asie

Les dernières observations confirmées du dauphin de Chine (Lipotes vexillifer), ou baiji, remontent à 2018. En 1997, la population était estimée à 13 individus. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), ce dauphin, endémique au fleuve Yangzi Jiang, est en danger critique d’extinction; certains spécialistes soupçonnent même qu’il soit déjà éteint. Plusieurs facteurs tels que la mortalité due aux pratiques illégales de pêche (pêche électrique), les collisions avec les bateaux, les explosions sous-marines, la dégradation de l’habitat, la construction de barrages, la diminution des populations de proies et la pollution auraient contribué à son extinction. Ce dauphin partage les eaux du fleuve Yangzi avec le marsouin du Yangzi (Neophocaena asiaeorientalis asiaeorientalis). Cette espèce est aussi au bord de l’extinction en raison de la forte dégradation de son habitat et des pressions liées aux activités humaines qu’elle subit.

En Asie du Sud se trouvent le dauphin du Gange (Platanista gangetica) et le dauphin de l’Indus (Platanista gangetica minor). Les yeux de ces dauphins sont aussi petits qu’une tête d’épingle. Le dauphin de l’Irrawaddy (Orcaella brevirostris) fréquente occasionnellement les eaux douces des fleuves de l’Asie du Sud-Est (Mékong, Irrawaddy, etc.), mais il n’est pas à proprement parler un dauphin d’eau douce. Il appartient à la famille des delphinidés comme le tucuxi. Physiquement, il rappelle le béluga avec sa couleur pâle, sa tête surmontée d’un melon et l’absence de rostre.

Des espèces rares et menacées

Les cétacés vivant en eau douce sont des spécimens généralement rares, méconnus et dont la plupart sont sur la liste rouge des espèces menacées établie par l’UICN. Pour que leur destin ne ressemble pas à celui du dauphin de Chine, probablement disparu, des initiatives sont entreprises aux quatre coins de la planète. Au Bangladesh par exemple, des zones de protection ont été instaurées par le gouvernement pour protéger le dauphin du Gange et le dauphin de l´Irrawaddy. Leurs habitats se détériorent à cause des activités humaines et sont menacés par les changements climatiques. Ils sont aussi victimes de la chasse et de prises accidentelles dans des filets de pêche.

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Les baleines en questions - 2/12/2015

Marie-Sophie Giroux

Marie-Sophie Giroux s’est jointe au GREMM en 2005 et y a travaillé jusqu’en 2018. Elle détient un baccalauréat en biologie marine et un diplôme en Éco-conseil. Chef naturaliste, elle supervise et coordonne l’équipe qui travaille au Centre d’interprétation des mammifères marins et rédige pour Baleines en direct et Portrait de baleines. Aux visiteurs du CIMM ou aux lecteurs, elle adore « raconter des histoires de baleines ».

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