Le 16 novembre dernier, Pêches et Océans Canada a annoncé la création de la plus grande zone de protection marine (ZPM) de l’Arctique canadien, nommée Anguniaqvia niqiqyuam. Cette zone de 2400 km2, située dans la mer de Beaufort, constitue un habitat essentiel pour de nombreuses espèces marines. Cette annonce a été grandement célébrée par les organismes environnementaux et les Inuvialuits. Mais la création de cette ZPM n’est qu’un premier pas vers une meilleure protection des écosystèmes marins arctiques, qui subissent présentement de grands changements et font face à de nouvelles menaces.

Anguniaqvia niqiqyuam est une zone extrêmement productive sur le plan écologique et procure un habitat essentiel à de nombreuses espèces marines, incluant l’omble chevalier, le béluga, l’ours polaire, le phoque annelé, la morue, le phoque barbu et plusieurs espèces d’oiseaux. Environ 40 000 bélugas, ce qui correspond à environ 27 % de la population mondiale, passent une partie de l’été dans cette région.

Le Règlement régissant cette ZPM interdit toute activité qui perturbe, endommage, détruit ou enlève tout organisme marin vivant ou toute partie de son habitat dans la zone attribuée, à l’exception de quelques activités qui s’avèrent vitales pour assurer la prospérité à long terme de la communauté locale. L’exploration pétrolière et gazière y est, entre autres, interdite.

Avec le réchauffement climatique et la fonte des glaces, on s’attend à l’ouverture de nouvelles voies navigables dans l’Arctique, ce qui pourrait ouvrir la région à l’exploration pétrolière et gazière et à la pêche commerciale. La création d’une ZPM protège donc ce site, d’une grande importance écologique et culturelle, contre les activités humaines qui pourraient le menacer dans un avenir rapproché. Cependant, cette zone ne représente qu’une petite portion de l’océan arctique et beaucoup reste à faire pour protéger les espèces qui y vivent et leurs habitats essentiels.

Le gouvernement canadien s’est engagé, dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique, à protéger 5 % des océans canadiens d’ici 2017 et 10 % d’ici 2020. Selon Catharine Tunnacliffe, porte-parole de WWF-Canada, seulement un peu plus de 1 % des océans et Grands Lacs canadiens sont présentement protégés et seulement 0,01 % sont protégés de l’exploration pétrolière et gazière et de la pêche commerciale.

Le gouvernement américain a, quant à lui, annoncé le 18 novembre dernier l’exclusion de toute exploration pétrolière dans certaines parties de l’Arctique, notamment dans les mers de Chukchi et de Beaufort, jusqu’en 2022. Mais un groupe de 34 scientifiques reconnus, œuvrant dans les domaines des changements climatiques, de l’écologie et de la biologie marine, ainsi que des groupes environnementaux, estiment qu’une exclusion temporaire n’est pas suffisante et que l’exclusion devrait être permanente. L’exploitation des hydrocarbures dans l’Arctique présente des risques inutiles pour les écosystèmes marins arctiques et pour l’environnement mondial, expliquent les scientifiques dans une lettre envoyée à Obama le 12 novembre.

Sources :

Traditional Knowledge Plays Into Protected Area Designation (News Deeply, 22/11/2016)

La zone de protection marine d’Anguniaqvia niqiqyuam (Gouvernement du Canada, 16/11/2016)

Arctique: Obama exclut toute exploration pétrolière pour 5 ans (La Presse, 18/11/2016)

Obama puts Arctic Ocean off limits for drilling in last-ditch barrier to Trump (The Guardian, 18/11/2016)

Actualité - 15/12/2016

Béatrice Riché

Après plusieurs années à l’étranger, à travailler sur la conservation des ressources naturelles, les espèces en péril et les changements climatiques, Béatrice Riché est de retour sur les rives du Saint-Laurent, qu’elle arpente tous les jours. Rédactrice pour le GREMM de 2016 à 2018, elle écrit des histoires de baleines, inspirée par tout ce qui se passe ici et ailleurs.

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