Au pied des montagnes du fiord, des petits groupes de phoques communs s’étendent sur les rochers. On les distingue à leur position typique de «banane», c’est-à-dire la tête et les nageoires postérieures recourbées vers le haut. Avec l’aide de jumelles, il est même possible de discerner leur «tête de chien» avec le creux au niveau du front, le museau court, les yeux larges et rapprochés et les narines en forme de cœur.

René Roy rencontre quelques phoques communs lors de son périple dans l’estuaire le 6 juin. À l’ile du Bic, il repère un adulte et un chiot installés sur des rochers. Le jeune phoque commun, contrairement à plusieurs autres espèces, nage dès sa naissance, mais il s’épuise rapidement. Souvent, sa mère le quittera temporairement pour aller se nourrir au large. Ce petit n’est ni en danger ni abandonné. Il attend le retour de sa mère et garde le contact avec elle par ses cris et son odorat fin. Lors de son circuit, René Roy croise également la route d’un rorqual commun. Ses photos permettent d’identifier F631 grâce aux détails de son chevron, un patron de coloration unique situé derrière la tête.

Les membres de l’équipe du MICS à Gaspé poursuivent leur travail de pose des émetteurs sur le dos des rorquals à bosse avec le Sea Mammal Research Unit. Une troisième tentative est réussie sur un individu qui nage en compagnie de la femelle Fleuret le 12 juin. Un drone filme la paire et les images sont disponibles sur la page Facebook du MICS. Fleuret est connue depuis 1982. L’été dernier, son veau âgé d’un an était aperçu dans la région du parc marin. On le reconnaissait par sa petite taille, sa nageoire dorsale constellée de cicatrices et parce qu’il ne levait pas la queue au moment de plonger.

La queue des rorquals à bosse permet de les reconnaitre comme les humains se

reconnaissent par leur visage en quelque sorte. La coloration singulière sous la face ventrale de la queue permet la photo-identification (https://baleinesed.wpengine.com/lexploration-scientifique/techniques-scientifiques/photo-identification/). Cette semaine, cinq rorquals à bosse sont vus dans la région de Gaspé. En plus de Fleuret, Leprechaun, Snowball, Dark Star et Bad Chemistry sont identifiés. La chercheuse Anik Boileau du Centre d’éducation et de recherche de Sept-Îles (CERSI) mentionne la présence du rorqual à bosse Calanus depuis le 3 juin ainsi que quatre autres rorquals à bosse, huit rorquals communs, quatre petits rorquals et une quinzaine de marsouins dont trois paires mère-veau. Chez le rorqual bleu, la technique d’identification se base sur la pigmentation mouchetée des animaux. Le 9 juin, un très long dos piqué gris-bleu est aperçu dans la baie de Gaspé. À l’ouest des iles de la Madeleine, une équipe de Pêches et Océans Canada remarque le souffle en «V» d’une baleine noire. Son identité demeure toutefois inconnue, car aucune photo n’est prise. Pour différencier les baleines de cette espèce, les chercheurs utilisent la disposition des excroissances de peau que porte chaque individu sur sa tête.

La photo-identification permet de suivre les déplacements, l’organisation sociale, les comportements et même l’abondance des individus d’une espèce. Si en théorie il est possible de reconnaitre chaque baleine par ses marques distinctives, en pratique c’est loin d’être simple! Pour une heure passée sur le terrain à prendre des photos et des notes, des dizaines d’heures en laboratoire seront nécessaires pour en faire l’analyse!

Cliquez sur la queue des baleines pour découvrir l’observation. Vous pouvez agrandir la carte en cliquant sur l’icône du coin supérieur droit.

Cette carte représente un ordre de grandeur plutôt qu’un recensement systématique.

Observations de la semaine - 16/6/2017

Marie-Sophie Giroux

Marie-Sophie Giroux s’est jointe au GREMM en 2005 et y a travaillé jusqu’en 2018. Elle détient un baccalauréat en biologie marine et un diplôme en Éco-conseil. Chef naturaliste, elle supervise et coordonne l’équipe qui travaille au Centre d’interprétation des mammifères marins et rédige pour Baleines en direct et Portrait de baleines. Aux visiteurs du CIMM ou aux lecteurs, elle adore « raconter des histoires de baleines ».

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