Le 5e Plan Saint-Laurent (PSL) est dénoncé par les organismes environnementaux. Avec un découpage de cinq zones, il ne couvrira plus certaines régions, comme l’estuaire (entre Québec et Tadoussac) et une partie du golfe (Gaspésie). Le manque d’argent justifierait cette gestion choisie par les gouvernements. Enjeux et actions font consensus, mais l’approche géographique est jugée inquiétante.

Dans le document de consultation « Elaboration d’une nouvelle entente Québec-Canada sur le Saint-Laurent », les gouvernements provincial et fédéral proposent d’identifier cinq « zones névralgiques » où seront concentrés les efforts de conservation, de protection et de restauration de l’écosystème du Saint-Laurent : Montréal, Lac Saint-Pierre, Québec, Estuaire maritime (de Tadoussac à Cap-Chat) et Iles-de-la-Madeleine.

L’approche sectorielle, un recul par rapport à la gestion intégrée

« Une de nos inquiétudes est que le PSL prenne une approche sectorielle, géographiquement limitée, plutôt qu’une approche intégrée lors des 15 prochaines années. Ce qui représenterait un recul », commente Jean-Eric Turcotte, directeur adjoint de Stratégies Saint-Laurent, l’organisme non gouvernemental qui regroupe les comités ZIP (Zones d’intervention prioritaire) créées il y a une vingtaine d’années.

Le plan propose aux intervenants de cibler les actions autour de trois enjeux: la biodiversité (espèces exotiques envahissantes, impacts des changements climatiques, perte d’habitats), la qualité de l’eau (réduction des pollutions) ainsi que la pérennité des usages (érosion côtière, amélioration de l’accès public au fleuve). Dans une entrevue accordée au journal Le Devoir, Marie Lagier, directrice générale de Stratégies Saint-Laurent, indique : « Les enjeux identifiés font consensus. Mais nous sommes préoccupés par l’approche géographique mise de l’avant ».

Une partie de l’habitat des baleines ne sera pas gérée par le plan

Les zones non couvertes par le futur plan hébergent plusieurs espèces de mammifères marins et leurs proies. L’estuaire moyen est fréquenté par les bélugas, une espèce menacée résidant à l’année dans le Saint-Laurent. L’été, les bélugas sillonnent les eaux entre l’île aux Coudres et Tadoussac, et au printemps, la population se répartit de la péninsule gaspésienne jusqu’à l’île aux Coudres. D’autres espèces menacées, telles que le rorqual bleu, le rorqual commun et le marsouin commun, séjournent en été dans le Saint-Laurent pour se nourrir, de l’estuaire moyen à la Gaspésie. La richesse de la biodiversité et la qualité des eaux garantissent l’habitat estival de ces cétacés, menés près de l’extinction par la chasse intensive et fragilisés par les pollutions.

Avec le manque d’argent, on se concentre sur quelques zones

Selon Marie Lagier, la stratégie des deux gouvernements s’explique par un manque d’argent. « On nous a dit qu’il n’y aura pas d’argent neuf pour ce plan quinquennal. Alors, on concentre plutôt que de saupoudrer partout. C’est préoccupant parce que le fleuve est sous pression et qu’une foule de nouveaux enjeux sont là ».

Le 3e PSL disposait d’un budget de 239,2 millions de dollars, alors que le quatrième a vu son financement fondre à 114,2 millions (soit 80,8 millions du fédéral et 33,4 du provincial). Le 5e PSL devrait être mis en place au printemps 2011, mais le document de consultation n’indique pas de budget.

Marie Lagier dénonce aussi un « manque de transparence » dans le processus en cours, le document de consultation n’ayant pas été distribué à tous les intervenants du dossier. Les parties intéressées ont jusqu’au 8 octobre pour répondre aux questions soulevées par le document de consultation.[Le Devoir du 14 septembre 2010]

En savoir plus:

Sur le Plan Saint-Laurent

Actualité - 30/9/2013

Christine Gilliet

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