La semaine dernière, Aurora, un béluga femelle qui a passé les 26 dernières années de sa vie à l’aquarium de Vancouver, est décédée à l’âge de 29 ans, neuf jours seulement après la mort de sa fille Qila. Selon l’aquarium de Vancouver, un virus ou une toxine a probablement causé la mort des deux bélugas. L’aquarium avait un projet d’agrandissement de son bassin pour les bélugas, mais, suite à cette tragédie, le projet a été mis sur la glace en attendant d’en savoir plus sur la cause exacte de ces décès. Ces évènements relancent aussi le débat sur le programme de captivité des cétacés à l’aquarium.

L’histoire d’Aurora et de Qila à l’aquarium de Vancouver

Aurora provient de la population de bélugas de la baie d’Hudson. Elle est le dernier béluga acquis par l’aquarium avant qu’il institue sa politique d’acquérir seulement des cétacés nés en captivité. Selon l’aquarium, Aurora a immédiatement conquis les cœurs et inspiré des générations de visiteurs, d’employés et de bénévoles avec sa nature curieuse et sa douce personnalité, en plus de permettre au personnel d’éduquer des millions de visiteurs concernant son espèce et son écosystème naturel. La fille d’Aurora, Qila, fut le premier béluga jamais conçu et né dans un aquarium canadien.

Ces bélugas de l’aquarium de Vancouver ont contribué à des études sur la physiologie des baleines, l’ouïe et la communication entre les mères et leurs veaux. Ils ont notamment joué un rôle clé dans les études de Valeria Vergara et l’identification des cris de contact critiques pour maintenir la cohésion au sein du groupe. Valeria compare maintenant ces résultats en milieu sauvage. Entre autres, dans l’estuaire du Saint-Laurent, elle essaie de déterminer si le bruit des bateaux et du trafic maritime peut masquer les cris de contact entre les mères et leurs veaux, et ainsi affecter la survie de ces derniers.

Et maintenant?

Suite à la mort d’Aurora, l’aquarium de Vancouver a été vivement critiqué par des groupes de protection des animaux et plusieurs personnes ont manifesté devant l’aquarium pour demander à ce que l’institution cesse de garder des animaux en captivité pour le divertissement et qu’elle se concentre sur le sauvetage uniquement.

Cependant, certains scientifiques défendent l’aquarium. « Leurs programmes permettent d’obtenir de précieuses informations. Les gens pensent que vous pouvez apprendre tout des baleines en les observant dans la nature, c’est faux », souligne Andrew Trites, de l’Université de la Colombie-Britannique.

Les mentalités concernant la captivité des cétacés évoluent. Ce triste évènement est donc probablement une bonne occasion d’ouvrir un débat constructif sur le sujet parmi les citoyens et de redéfinir si nécessaire le rôle de l’aquarium. Sarah Kirby-Yung, présidente de la Commission des parcs de Vancouver, propose de demander aux Vancouvérois, sur les bulletins de vote des prochaines élections municipales en 2018, s’ils souhaitent conserver le programme de captivité des cétacés à l’aquarium.

Sources:

Virus or toxin likely killed beluga whale at Vancouver Aquarium (CTV News Vancouver, 28/11/2016)

Reason for death of two beluga whales at Vancouver Aquarium still unknown (CTV News, 28/11/2016)

L’Aquarium de Vancouver sous le feu des critiques après la mort de ses deux derniers bélugas (Radio-Canada, 27/11/2016)

Update expected on death of Aurora at Vancouver Aquarium (CTV News Vancouver, 26/11/2016)

L’aquarium de Vancouver critiqué après la mort d’un deuxième béluga (La Presse, 26/11/2016)

Pour en savoir plus:

Projet de Valeria Vergara dans l’estuaire du Saint-Laurent:

Avec les bélugas: semaine du 18 juillet 2016 — Maman, maman, m’entends-tu? La suite

Avec les bélugas: semaine du 25 juillet 2016 — Espionnage aérien et écoute sous-marine… par Valeria Vergara

Actualité - 5/12/2016

Béatrice Riché

Après plusieurs années à l’étranger, à travailler sur la conservation des ressources naturelles, les espèces en péril et les changements climatiques, Béatrice Riché est de retour sur les rives du Saint-Laurent, qu’elle arpente tous les jours. Rédactrice pour le GREMM de 2016 à 2018, elle écrit des histoires de baleines, inspirée par tout ce qui se passe ici et ailleurs.

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