Un défi, comme elles ne peuvent pas enlever leur manteau de gras. La couche de graisse, retrouvée sous la peau des baleines, est très vascularisée contrairement à tout autre type de graisse chez les mammifères. Des «ponts», les anastomoses artério-veineuses, relient les artères aux veines. L’échange de chaleur se fait donc plus rapidement, isolant la baleine du froid. En situation d’effort physique intense, le sang contourne ces ponts pour passer à travers le réseau de capillaires à l’extérieur de la couche de gras, près de la peau, en contact avec l’eau froide. C’est pourquoi le ventre normalement blanc du petit rorqual devient rose lorsqu’il réalise des efforts physiques pour manger. Le sang afflue massivement dans les capillaires de la peau.

Aussi, dans les parties du corps non isolées par le «manteau», comme aux extrémités du corps telles les nageoires, il existe un système d’échange de chaleur à contre-courant: le «réseau admirable». Il maintient la chaleur corporelle. Ces réseaux sont formés d’artères, chacune entourée de plusieurs veines. Le sang chaud des artères, en direction des extrémités, se refroidit au contact du sang froid des veines qui en revient. À l’inverse, le sang froid des veines, se dirigeant vers les organes internes, est réchauffé par le sang chaud des artères. Les pertes de chaleur et les écarts de température sont ainsi réduits. Pour évacuer la chaleur, l’échange artério-veineux peut être contrôlé. Par exemple, en se dilatant, l’artère écrase les veines et diminue le flux sanguin, réduisant ainsi la vitesse de l’échange de chaleur.

Peut-être est-ce pour mieux conserver leur chaleur que les baleines arctiques comme le béluga, le narval et la baleine boréale n’ont pas de nageoire dorsale? C’est l’une des hypothèses avancées.

Les baleines ajustent aussi leur comportement de migration pour mieux gérer leur thermorégulation. À suivre, la semaine prochaine.

En savoir plus

La thermorégulation

Les baleines en questions - 22/10/2014

Camille Bégin Marchand

Camille Bégin Marchand a travaillé au GREMM de 2013 à 2018. Elle a commencé comme naturaliste au Centre d’interprétation des mammifères marins, mais son intérêt pour l’écriture scientifique l’a menée à travailler comme rédactrice pour Baleines en direct. Passionnée par la biologie et amoureuse de la région, elle fait aussi une maitrise en sciences de la forêt en collaboration avec l’Observatoire d’Oiseaux de Tadoussac.

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