Les 10 ans de collaboration officielle des pôles océanographiques du Québec (U. Laval, UQAR/ISMER, U. McGill et UQAC) et les 42 ans de recherches en sciences de la mer sont l’occasion de faire le point lors d’un colloque se tenant à Montréal cette semaine. Les scientifiques présentent bien sûr l’état des connaissances, mais discutent également des incertitudes, des défis environnementaux, des pistes de solution, du désengagement du gouvernement fédéral et de la communication au grand public.

Un bilan inquiétant

Les scientifiques relèvent plusieurs signaux inquiétants : fonte record de la banquise arctique en 2012, floraisons d’algues toxiques dans le Saint-Laurent, mortalités élevées de bélugas, etc. La pression anthropique sur les ressources marines est grandissante et semble bouleverser nos écosystèmes marins. « Réchauffement climatique, surpêche, acidification, géo-ingénierie, exploitation d’hydrocarbures, zones mortes, les menaces humaines sur les océans sont nombreuses », note Maurice Levasseur, océanographe à l’Université Laval et directeur général de Québec-Océan. « Nos connaissances sur les océans sont très limitées. On a un système qu’on comprend mal et qui, en plus, est en mutation. ». Les inquiétudes sur l’état des écosystèmes mais également les lacunes dans les connaissances, inspirent la plus grande prudence à M. Levasseur : « Par exemple, avons-nous les connaissances pour nous lancer dans le développement des hydrocarbures dans le golfe et l’estuaire du Saint-Laurent? La réponse est non, selon moi.»

Le désengagement du gouvernement fédéral

Le groupe Québec-Océan souligne également dans son communiqué que « simultanément, l’acquisition des connaissances scientifiques dans ce domaine est menacée tant au niveau des postes de chercheurs qu’au niveau des subventions. Comment encadrer efficacement l’exploitation de nos ressources marines sans avoir les connaissances scientifiques nécessaires ? ». Ce questionnement fait l’objet d’une table ronde ayant pour thème « Science, Océan et Société ».

Les coupes fédérales chez Pêches et Océans Canada sont dénoncées, notamment par Maurice Levasseur : « En tant que scientifique, le message qu’on lance, c’est qu’on ne connaît pas notre environnement et que ce n’est pas le temps de faire des coupes là-dedans. » Maurice Levasseur fait également la distinction entre le rôle du gouvernement, qui est d’assurer le suivi à long terme des écosystèmes, et celui des universités, qui font de la recherche de pointe et forment des étudiants. Selon lui, les coupes dans les ministères fédéraux ne peuvent être compensées par le travail qui se fait au privé et notamment dans les universités, comme l’ont prétendu les Conservateurs lors de l’annonce des coupures chez Pêches et Océans Canada au printemps 2012.

[Québec Océan, Entrevue de Maurice Levasseur par Charles Côté de La Presse]

En savior plus

Pour en savoir plus Site du colloque 2012 de
Québec-Océan

Actualité - 8/11/2012

Christine Gilliet

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