L’accident, qui a eu lieu dans une zone réputée pour être fréquentée par de nombreux bateaux de touristes et par des baleines, a mobilisé l’attention des médias. Des articles présentent des différences dans l’interprétation de certains faits et des interprétations dans leurs titres. Baleines en direct a tenté d’en savoir plus, ce qui n’est pas facile quand les informations officielles manquent. C’est l’occasion de rappeler que des règles de prudence sont de mise quand les routes de bateaux croisent celles de ces géants.

Cette collision entre une baleine et une embarcation est survenue dans la baie Santa Maria, près de Cabo San Lucas, une station balnéaire mexicaine située à l’extrémité sud de la péninsule de la Basse-Californie, le 12 mars 2015. L’accident semble être le premier au monde à causer la mort d’une personne. Si un petit nombre de précédents de ce genre ont eu lieu, ils ont fait des blessés, à la fois dans cette région très fréquentée par les touristes et les observateurs de baleines, mais aussi dans d’autres régions du monde.

De nombreux médias de plusieurs pays ont traité la nouvelle le jour même et le lendemain. Dans leurs articles, on a pu lire des points de divergence au sujet de certains faits qu’ils tentaient de relater, notamment au sujet de l’espèce de la baleine. Certains ont titré qu’une baleine avait sauté sur un bateau ou avait atterri sur un bateau.

De son côté, la compagnie propriétaire du bateau, Cabo Adventures, n’a pas émis de communiqué sur le déroulement des faits. Elle a adressé ses condoléances à la famille de la victime et ses vœux de rétablissement aux deux autres personnes blessées. Son directeur a répondu aux journalistes en précisant que c’est la première fois qu’un de ses bateaux entrait en collision avec une baleine et qu’il n’y avait jamais eu de blessés à bord de ses bateaux. Pour la collision du 12 mars dernier, il rapporte que le capitaine a vu une baleine faire surface devant l’étrave de son bateau. Il aurait tenté de l’éviter en changeant de direction. La baleine aurait effectué un saut hors de l’eau et sa queue aurait heurté la tête de la touriste canadienne. Cette dernière est tombée à l’eau, puis à été remontée à bord par l’équipage et n’a pu être ranimée. C’est ce choc à la tête qui aurait entraîné sa mort.

Ce qui semble être établi et un commentaire

Le pneumatique de sept mètres de longueur, avec à son bord neuf touristes, était en train de rentrer au port après une excursion de plongée n’ayant rien à voir avec une sortie d’observation de baleines. À un mille marin de la côte, le bateau est entré en collision avec un rorqual à bosse — et non pas une baleine grise. L’accident a causé la mort d’une Canadienne âgée de 35 ans et des blessures à deux autres personnes qui ont dû être hospitalisées.

Richard Sears, biologiste marin fondateur de la Station de recherche des Îles Mingan (MICS), au Québec, connaît très bien les régions de la Basse-Californie qui sont fréquentées par diverses espèces de grandes baleines. Depuis de nombreuses années, il y mène des recherches sur les rorquals bleus du Pacifique Nord. Il a répondu à Baleines en direct qui tentait d’avoir des informations confirmées sur cet accident. D’après les contacts qu’il a eus avec des personnes sur place, il confirme qu’il s’agit d’un rorqual à bosse. «Ce qu’il faut rappeler, ajoute-t-il en guise de commentaire, c’est qu’en général ce ne sont pas les baleines qui rentrent dans les bateaux, mais plutôt l’inverse. Souvent, les bateaux sont trop proches ou vont trop vite. Il faut toujours être prudent là où on peut croiser des baleines.»

Prudence et vigilance

Les baleines se repèrent dans leur environnement pour naviguer et s’orienter. Elles sont donc tout autant équipées pour détecter les bateaux et éviter les obstacles sur leur route. Mais, il est à rappeler que la prudence est toujours de mise avec ces animaux pouvant mesurer de 10 à 30 mètres de longueur et peser plusieurs dizaines de tonnes. Pour toutes les zones réputées pour être fréquentées par des baleines, des limites de vitesse sont instaurées ou conseillées aux navigateurs, et une surveillance visuelle accrue est requise.

Et c’est bien aux bateaux qu’il est demandé de se tenir éloigné des baleines et de s’écarter de leur trajectoire. Ces précautions laissent plus de temps et d’espace aux humains — mais aussi aux baleines — pour réagir et éviter les collisions. Les uns et les autres pouvant avoir un moment de défaillance dans leur vigilance, dans leur mode de perception ou bien encore dans la précision de leurs mouvements ou de leurs déplacements.

Sources

Sur le site de Radio Canada:

Une Calgarienne morte au Mexique après une collision avec une baleine

Sur le site de CTV (en anglais seulement):

Calgary woman killed by surfacing whale off coast of Mexico

Sur le site de City News Toronto (en anglais seulement):

Canadian woman, 35, killed when whale lands on tourist boat in Mexico

Actualité - 30/3/2015

Christine Gilliet

Articles recommandés

La vie sexuelle des cétacés, au-delà de la reproduction

Un article paru dans les dernières semaines relate une interaction pour le moins inattendue entre deux rorquals à bosse mâles.…

|Actualité 18/4/2024

Hybridation chez les rorquals bleus : encore des mystères à percer

Chassées, menacées, décimées. Les plus géantes de toutes les baleines ont subi les assauts de l’être humain au cours du…

|Actualité 11/4/2024

Meredith Sherrill : un exemple de ténacité pour travailler avec les baleines!

Pour travailler sur les baleines, son parcours s’est tracé entre la Californie, le Michigan, l'Écosse, pour finalement l'amener au Québec!…

|Actualité 7/3/2024