Ces échouages sans précédent, et surtout ceux des baleineaux depuis 2011, alarment les chercheurs. Entre autres pistes d’explication, le manque de krill pourrait être causé par le cumul des impacts des changements climatiques et de la pêche commerciale.

Entre 1989 et 2007, la moyenne annuelle des mortalités de rorquals à bosse (Megaptera novaeangliae) de la côte ouest de l’Australie s’élevait à deux ou trois individus. En 2008, 13 rorquals à bosse se sont échoués, puis 46 en 2009 et 16 en 2010. En 2011, sur les 17 carcasses, 14 étaient celles de baleineaux et 3 de juvéniles.

Un groupe de vétérinaires australiens a mené des analyses sur les carcasses pour élucider les causes de ces échouages, en collaboration avec le département gouvernemental des parcs et de la faune (Department of Parks and Wildlife). Ils ont présenté leurs résultats à la conférence annuelle de l’association des vétérinaires australiens (Australian Veterinary Association) qui s’est déroulée à Perth du 25 au 30 mai 2014.

Trois scénarios pour des animaux dénutris

Selon les prélèvements effectués dans la couche de gras des jeunes rorquals trouvés en 2011, il s’est avéré que la plupart d’entre eux souffraient de malnutrition sévère. La masse graisseuse présente sous la peau de leur corps était très mince. Ce gras représente une indispensable réserve d’énergie, joue un rôle important dans la thermorégulation corporelle et la capacité à flotter et à se déplacer.

Les chercheurs ont retenu trois hypothèses pouvant expliquer la forte augmentation des mortalités des baleineaux en 2011. L’augmentation de la population des rorquals à bosse de l’ouest de l’Australie pourrait entraîner de manière automatique une augmentation des mortalités de jeunes. Les femelles auraient mis bas dans des sites non propices en raison de facteurs environnementaux. Selon le troisième scénario envisagé, les mères elles-mêmes dénutries auraient donné naissance à des baleineaux sous-alimentés.

Le fait que toutes les carcasses des baleineaux ont été trouvées entre le golfe d’Exmouth sur la côte ouest et le bras de mer Stokes à l’est de la ville d’Espérance indique qu’ils sont nés au moins 1000 km plus au sud de leurs zones habituelles de naissance qui se trouvent au nord-ouest des côtes de la région de Kimberley.

Manque de krill en Antarctique?

En conclusion, les biologistes estiment que la cause la plus probable de ces échouages de baleineaux est reliée à une nutrition insuffisante. Ils posent la question de la disponibilité de la ressource en krill (Euphausia superba) en Antarctique, et particulièrement dans les aires d’alimentation de ces baleines. Les rorquals à bosse se nourrissent presque exclusivement de ces petits crustacés ressemblant à des crevettes. Ces chercheurs pointent la pêche commerciale du krill et les changements climatiques et océanographiques dont les impacts cumulés sont inconnus sur cette source de nourriture, maillon important de la chaîne alimentaire. La pêche au krill est pratiquée dans les aires d’alimentation de ces baleines et ils considèrent que très peu de recherches sont conduites pour connaître ses impacts.

La pêche commerciale du krill a débuté dans les années 1970. Les stocks et les captures sont gérés depuis 1991 par la Commission for the Conservation of Antarctic Marine Living Resources (CCAMLR). Riche en protéines et vitamines, le krill est utilisé pour la production de consommation humaine et animale.

Sources

Sur le site de l’Australian Veterinary Association (en anglais seulement):

Increased humpback whale strandings in WA (communiqué)

Pour en savoir plus:

Sur le site du Guardian (en anglais seulement) :

Humpback whale strandings in WA: malnutrition a major factor, vets say

Sur le site du Monde:

Pourquoi les baleines s’échouent-elles sur les côtes ?

Sur le site de Wikipédia :

Le krill antarctique

Sur le site d’Eco-action (en anglais seulment):

Time to Krill?

Sur le site du gouvernement australien (en anglais seulement):

Humpback whale (Megaptera novaeangliae)

Sur le site de la Commission for the Conservation of Antarctic Marine Living Resources (CCAMLR):

Pêcheries de krill
Établissement des limites de capture

Sur le site de Baleines en direct:

Krill et capelan: des proies convoitées
Le krill (archives du Baleine Magazine)
Mieux comprendre la production et la consommation du krill dans le Saint-Laurent (archive des Actualités d’ici et d’ailleurs)
L’alimentation des baleines
Le rorqual à bosse

Actualité - 19/6/2014

Équipe du GREMM

Dirigée par Robert Michaud, directeur scientifique, l’équipe de recherche du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) étudie en mer les bélugas du Saint-Laurent et les grands rorquals (rorqual à bosse, rorqual bleu et rorqual commun). Le Bleuvet et le BpJAM quittent chaque matin le port de Tadoussac pour récolter de précieuses informations sur la vie des baleines de l’estuaire du Saint-Laurent.

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