Des dizaines de phoques du Groenland se trouvent sur les glaces près des iles de la Madeleine, voit-on sur les photographies aériennes du plongeur et vidéaste Mario Cyr affichées sur sa page Facebook. « La mise bas a commencé », précise-t-il. En effet, ces phoques se rassemblent sur la banquise pour donner naissance et se reproduire.

Comment se déroulent les premiers jours de vie des petits? Les femelles allaitent leur nouveau-né pendant 12 jours sur la glace. À sa naissance, le nouveau-né a un pelage jaunâtre (le lanugo) et pèse environ 10 kg. Il grossira ensuite de 2 à 3 kg par jour. La mère, elle, maigrit moins vite que son jeune engraisse, car elle continue de manger à l’occasion. Âgé de 5 à 10 jours, le jeune est alors bien en chair et avec un «manteau» blanc duveteux. Au bout de 12 jours, sa mère le quitte définitivement pour se consacrer à l’accouplement. Le petit se débrouille alors seul sur la glace et vivra sur ses réserves de graisse pendant trois à six semaines encore durant lesquelles il se couvrira d’une fourrure courte, argentée et tachetée et pourra enfin aller à l’eau chercher sa nourriture par lui-même.

Ce bref temps d’allaitement du phoque du Groenland, et de la plupart des phoques, n’est pas étranger aux risques de prédation accrus sur les glaces ou sur la terre et aux dangers liés à l’instabilité de certains substrats comme les packs de glace. Toute l’année, les femelles bâtissent leurs réserves d’énergie pour réussir ce tour de force, soit allaiter leur progéniture en quelques semaines. Généralement plus petites que les femelles phoques, les femelles otaries ne peuvent pas accumuler autant de réserves, leur lait est moins gras et elles nourrissent donc leurs nouveau-nés plusieurs mois d’affilée.

Le record en rapidité d’allaitement chez tous les mammifères est détenu par le phoque à capuchon, un phoque à la distribution semblable à celle du phoque du Groenland, mais où le phoque à capuchon préfère les glaces plus éloignées des continents et s’alimente en eau plus profonde. Nourri par un lait constitué de 60% de gras, le jeune phoque à capuchon — surnommé dos bleu — double de poids, passant de 20 à 40 kg, en quatre jours seulement! Les mâles ne sont pas très loin pendant ce temps, ils attendent le sevrage du jeune pour s’accoupler avec la femelle.

Les phoques gris viennent au monde au début de l’hiver sur les glaces du détroit de Northumberland, dans la baie Saint-Georges et à l’ile de Sable dans le sud du golfe, entre l’ile du Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse. Pendant l’allaitement qui dure 15 jours, la femelle renifle régulièrement son chiot pour le reconnaitre et communiquer. Les nouveau-nés phoques communs voient le jour au début de l’été, en mai ou en juin. La période d’allaitement est plus longue, elle s’étend de 4 à 6 semaines. Le petit tète tous les 3 à 4 heures et plus il grossit et plus la demande augmente. Au bout de 8 jours, la femelle commence à quitter temporairement son chiot pour se nourrir. C’est à ce moment que observateurs peuvent alors penser, à tort, que les jeunes sont abandonnés.

Des phoques communs adultes sont aperçus à l’embouchure de la rivière York en plein cœur de Gaspé, nous informe un collaborateur. Une autre observatrice du secteur arpente la côte entre Grande-Grave et Percé, mais sans succès, aucun mammifère marin en vue. Tant pis, le panorama qui s’étend devant elle est à couper le souffle; les kilomètres parcourus en valaient le coup! À Sept-Îles, Jacques Gélineau, collaborateur de l’INREST, a bon espoir: les glaces quittent la baie et peut-être que, bientôt, les baleines suivront! Pour le moment, il n’a vu qu’un phoque commun, mais c’est un début!

Observations de la semaine - 28/2/2018

Marie-Sophie Giroux

Marie-Sophie Giroux s’est jointe au GREMM en 2005 et y a travaillé jusqu’en 2018. Elle détient un baccalauréat en biologie marine et un diplôme en Éco-conseil. Chef naturaliste, elle supervise et coordonne l’équipe qui travaille au Centre d’interprétation des mammifères marins et rédige pour Baleines en direct et Portrait de baleines. Aux visiteurs du CIMM ou aux lecteurs, elle adore « raconter des histoires de baleines ».

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