Le problème devient sérieux et urgent pour les écosystèmes et la vie socioéconomique. Il faut réduire l’émission de CO2 et s’adapter, selon un rapport de Pêches et Océans Canada.

Depuis 250 ans, les eaux de tous les océans deviennent de plus en plus acides et celles du Canada atlantique sont particulièrement vulnérables. Le rapport du ministère Pêches et Océans Canada, qui se concentre sur le plateau néo-écossais (la région maritime située à l’ouest de la Nouvelle-Écosse), cite et collige les résultats de nombreuses publications scientifiques sur cette menace. Daté d’octobre 2012, il a été publié en anglais sur le site Internet de l’Atlantic Coastal Zone Information Steering Committee (ACZISC).

De 1800 à 1994, près de la moitié de la quantité de dioxyde de carbone (CO2 ou gaz carbonique) émise dans l’atmosphère par la consommation d’énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) a été absorbée par les océans. Pendant cette période, l’Atlantique Nord en a capté 23 %, alors qu’il ne représente que 15 % de la surface totale des océans. Ce gaz à effet de serre contribue également au réchauffement de l’atmosphère et aux changements climatiques.

Des changements importants et rapides

L’acidification peut profondément modifier l’écosystème marin et son fonctionnement, avec des impacts directs sur les espèces en termes de composition et d’abondance. Certaines espèces locales risquent de disparaître et d’autres espèces invasives pourraient simultanément prendre leur place. Les crustacés sont particulièrement sensibles, notamment le crabe, le homard et la coquille Saint-Jacques, des espèces commerciales qui sont à la base d’une industrie de pêche générant de nombreux emplois.

Kristian Curran and Kumiko Azetsu-Scott, les auteurs du rapport, pensent que les écosystèmes seraient capables de s’adapter aux changements du niveau d’acidité de l’eau sur de longues périodes, supérieures à 10 000 ans, mais auraient de la difficulté à le faire avec une augmentation de 30 % observée depuis la Révolution industrielle qui a débuté vers 1760.

Diminuer le CO2 et surtout s’adapter

Pour protéger les écosystèmes et les êtres humains de ce phénomène, des mesures d’adaptation associées à la réduction des émissions de dioxyde de carbone doivent être adoptées, étant donné que la diminution de l’acidité des océans et de ses effets n’est pas facilement réalisable. Il faut identifier les zones les plus vulnérables et tenter de réduire les autres menaces qui s’ajoutent au stress subi par les espèces et leur habitat, comme la pollution, la surpêche et le développement de l’industrie d’exploitation des hydrocarbures. Kumiko Azetsu-Scott déclare en entrevue qu’il reste encore beaucoup de travail à faire.

La réduction du niveau d’acidification sur le long terme n’est possible qu’avec une réduction du CO2 dans l’atmosphère basée sur des changements dans les réglementations et les choix politiques d’une économie basée sur l’utilisation des énergies fossiles. Les aires marines protégées, aménagées pour conserver les espèces et leur habitat, sont considérées comme un des moyens les plus efficaces, car elles limitent et réglementent les activités humaines à l’intérieur de leurs limites géographiques.

À la fin du rapport, le programme Aquatic Climate Change Adapation Services Program (ACCASP) de Pêches et Océans Canada est cité. Mis en place en 2011 pour une période de cinq ans, il est axé sur l’identification des espèces marines touchées par les changements climatiques, la poursuite de programmes de recherche visant à mieux comprendre les changements climatiques et leurs impacts, ainsi que le développement de systèmes et d’outils destinés à favoriser l’adaptation à ces changements.

Sources : Pêches et Océans Canada, The Gazette.

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Actualité - 11/6/2013

Christine Gilliet

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